Avec près de 150 manifestations organisées dans toute la France et près de 100 000 manifestantEs, cette journée du 18 mars doit marquer le lancement de la mobilisation contre le Pacte de responsabilité Medef-gouvernement-CFDT-CFE-CGC-CFTC.
À Paris, 30 000 participantEs dont plus de la moitié sous les ballons de la CGT et un important cortège FO. Le reste est partagé entre Solidaires, dynamique, et la FSU. En région, plusieurs défilés avaient lieu dans la matinée. Ainsi, 25 000 manifestantEs ont défilé à Marseille, 2 500 à Clermont-Ferrand, où une banderole FO proclamait « non au pacte Hollande, Gattaz et Berger ». À Grenoble, 5 000 manifestantEs, avec 50 % des tramways et bus arrêtés. Et 5 000 au Havre, 1 500 à Saint-Nazaire, 3 000 à Nice, 5 000 à Nantes, 1 800 dans le Maine-et-Loire, dont 1 500 à Angers, 3 000 à Toulon, 2 500 à Rennes, avec des slogans remarqués « Medef, PS, CFDT empactés », « non au pacte des voleurs ». Et partout, des cortèges des secteurs de la santé et des hôpitaux importants et dynamique.
Un contexte compliqué...Ni évidente ni habituelle, cette journée, appelée par l’intersyndicale CGT-FO-FSU et Solidaires à quelques jours du premier tour des élections municipales. D’autant plus que, initiée par FO, le ralliement de la CGT, entraînant dans la foulée celui de la FSU puis de Solidaires, ne s’est pas fait sans débat. Le secrétaire général de la CGT, Thierry Lepaon, avait critiqué les pressions de FO sur des organisations de la CGT : « C’est, avouons-le, un souci ! » Il affirmait encore le 19 février que ce 18 mars « ne sera pas une journée contre le pacte de responsabilité ».Pas évidente non plus cette journée de mobilisation contre un gouvernement de « gauche », dans une situation où une partie du mouvement syndical s’associe complément à la politique gouvernementale. Ce basculement, engagé depuis 1995 par la CFDT, la CFE-CGC et la CFTC, a déjà fait partie des difficultés à mobiliser contre le Pacte de compétitivité et l’Accord national interprofessionnel du même nom, ainsi que contre la réforme des retraites.Le passage avec armes et bagages du côté du patronat et du pouvoir des uns, les hésitations et caution du dialogue social des autres, ne facilitent pas la mobilisation, même si la direction de la CGT a été bousculé par des exigences d’équipes syndicales.
C’est dans la rue que ça se passera !Cette première mobilisation unitaire a vu s’exprimer un large refus de la politique Hollande-Ayrault. Mais nous savons que depuis des mois, le gouvernement est plus sensible aux démonstrations de la droite et des patrons que celles des salariéEs, jeunes, femmes ou chômeurs. Il nous faut donc poursuivre, étendre, radicaliser la mobilisation. Par entreprise, par branche, par région, il faut construire le rapport de forces, multiplier débrayages et grèves, pour s’opposer à toutes les conséquences de la politique gouvernementale.Construire l’unité dans la lutte et préparer le blocage de l’économie : ce 18 mars ne doit donc pas rester sans lendemain. C’est le sens de l’appel à la journée de colère de gauche qu’a proposé le NPA pour le 12 avril. L’unité peut être large, au-delà des signatures de personnalités, d’organisations syndicales, politiques, associations. Dans les entreprises, dans les quartiers, dans les villes, il faut dès maintenant commencer à construire partout un front de refus du Pacte de responsabilité, de la régression et de la répression sociale mise en œuvre par ce gouvernement.
Robert Pelletier