A la veille de la journée de manifestation du 28 avril, la mobilisation contre la loi « Hôpital, Patient, Santé, Territoire » s’amplifie.
L’appel à manifester avec l’ensemble des personnels hospitaliers par 25 chefs de services et de nombreuses organisations de médecins hospitaliers, de psychiatres est un appui à la lutte engagée par les personnels hospitaliers, pour le retrait de l’ensemble du projet de loi Bachelot.
Roselyne Bachelot a beau s’en défendre, l’Hôpital Public est aujourd’hui en danger. La loi «Hôpital, Patients, Santé et Territoires» vise à compléter la privatisation engagée depuis 2003 par ses prédécesseurs. Face à la montée des critiques, la ministre affirme «il n’y a pas de privatisation de la santé». Elle déclarait pourtant le 25 mars 2008 «un établissement n’a pas besoin d’être public pour assurer un service public de santé, il doit simplement en respecter les exigences».
Depuis son élection en mai 2006 N. Sarkozy n’a cessé de le répéter :«l’hôpital ne peut pas tout faire.» Il ne s’agit pas pour lui donner au service public les moyens d’assurer ses missions. Il veut au contraire faire assurer une part croissante de celles-ci au secteur privé. C’est pourquoi la loi Bachelot supprime toute distinction entre établissements publics et privés.
Pour limiter la place de l’hôpital, le projet de loi Bachelot prévoit la mise en place d’Agences Régionales de Santé les ARS. Ces agences et leur tout puissant directeur, auront la possibilité de ponctionner les crédits de l’hôpital public pour les reverser au secteur privé libéral, associatif ou commercial et aussi de démanteler la Sécu et l’action sanitaire et sociale.
La loi Bachelot prévoit, en outre, le regroupement des hôpitaux au sein de vastes « communautés hospitalières de territoires ». L’objectif est la fermeture des services d’urgence, de chirurgie, les maternités qui subsistent encore dans les hôpitaux de proximité. 250 sites sont aujourd’hui directement menacés. Ceux ci seront transformés en services de long séjour pour personnes âgées.
La « permanence des soins » 24h/24 sur le territoire ne sera plus assurée que par des « maisons médicales », centres de consultations libéraux payants, ne pouvant répondre aux besoins de l’urgence hospitalière.
Quant aux services d’urgences qui subsisteront: ils seront de plus en plus éloignés d’une partie de la population et de plus en plus saturés. C’est la « mise en danger de la vie d’autrui » qu’instaure délibérément cette loi ! La rentabilité avant le soin. En même temps qu’il veut réduire la place de l’hôpital public, N.Sarkozy veut achever la transformation de l’hôpital en entreprise rentable, au détriment de la sécurité et de la qualité des soins ainsi que des conditions de travail des personnels.
La loi prétend imposer « un chef et un seul », le directeur, qui pourra désormais venir d’entreprises n’ayant rien à voir avec le soin. Son objectif principal est la rentabilité et la productivité du personnel afin de « dégager des marges ». Les services « non rentables », même s’ils sont utiles aux malades devront disparaître ou être « restructurés ». La rémunération et même le poste du directeur en dépendront. Les médecins eux même devront devenir des « managers ». Tous les contre pouvoirs existant au sein de l’hôpital sont réduits.
La mobilisation doit se poursuivre au-delà pour imposer le retrait de la loi Bachelot et du rapport Couty, pour sauver et améliorer le service public de santé.
Dans la logique de la loi Bachelot, le rapport Couty préconise le morcellement et la privatisation de la psychiatrie publique. Praticiens et des professionnels libéraux assureraient les soins ambulatoires, les hospitalisations dites « légères » iraient aux cliniques commerciales qui y trouveraient un créneau rentable. Les hospitalisations dites « lourdes » et les missions sécuritaires d’ordre public resteraient bien sûr l’apanage de l’Hôpital qui devrait transférer dès que possible des patients « stabilisés » vers le secteur médico-social.
Dans ce domaine comme dans bien d’autres, ce serait la disparition de la continuité d’un service public gratuit de qualité et de proximité au service de tous.
A Paris, rendez-vous à 11h Montparnasse.