Au soir de leur défaite électorale, Valls et Hollande n’ont laissé aucun doute, ils poursuivront la même politique au service du Medef. Au Sénat, le débat sur la loi Macron commence le 7 avril, et déjà est annoncée pour avant l’été une loi Macron II...
Ce vendredi 3 avril est convoquée la conférence sociale visant à poursuivre la destruction des droits sociaux en cours. Plus précisément, il semble que l’objectif principal soit la remise en cause du SMIC et aussi du CDI. Pour le gouvernement, « il faut que les patrons ne se sentent pas pieds et poings liés ».
Place à nos luttesIl n’y a rien à discuter, à « négocier » sur de telles bases. Rien de bon ne peut sortir de cette réunion « sociale »... Alors que les travailleurs, les militants, se mobilisent partout pour assurer le succès de la journée de grève du 9 avril, que des luttes sectorielles sont en cours, il serait incompréhensible et contraire aux intérêts des salariéEs que cette table ronde puisse se tenir. C’est bien par notre mobilisation que nous pourrons faire reculer patronat et gouvernement.C’est bien cette idée qui circule parmi les salariéEs, les militantEs. Et pas seulement l’idée : dans de nombreuses entreprises, des luttes sont engagées depuis plusieurs semaines, souvent sur les salaires mais aussi sur les conditions de travail ou les horaires. Celles et ceux de Sanofi, de Sisteron à Ambarès en passant par Val-de-Reuil, en bagarre depuis plusieurs semaines autour des questions salariales ; à Sevelnord, également sur les salaires ; à Radio France, contre la liquidation du service public ; à la mairie d’Argenteuil, contre les liquidations d’emplois visant notamment les plus précaires ; à l’université Paris 8, la bataille pour le respect et des salaires décents ; et à La Poste, contre la poursuite des attaques contre les conditions de travail, les grèves se poursuivent depuis des mois avec des succès réels.Toutes ces mobilisations se développent parce que pour une majorité de salariéEs, les fins de mois sont terribles, et les conditions de travail insupportables. Bien sûr, touTEs celles et ceux qui se battent au quotidien sont bien conscients que ces attaques s’inscrivent dans la logique des politiques patronales et gouvernementales : prendre aux plus démunis ne vise qu’à augmenter les profits, et poursuivre une politique d’austérité n’inverse en rien la courbe du chômage, bien au contraire.
Prendre en main nos affairesLe caractère éclaté des mobilisations, la diversité des revendications, mais aussi la passivité des syndicats et la perte de tradition, sont des freins à la coordination des luttes, à leur centralisation.Ce sont ces difficultés, ou une partie d’entre elles que la journée du 9 avril peut permettre de lever. Première journée intersyndicale de grève depuis des mois, cette date peut être à la fois le moment de rencontre entre travailleurEs en lutte et un moment pour crier notre colère commune contre ce gouvernement, contre ce patronat. Un moment certes réduit à une journée, et dont la concrétisation suscite débats voire polémiques. Faut-il mieux se retrouver localement, régionalement, au plus près des luttes, ou marquer un rapport de forces national, à Paris, contre le gouvernement ? Au-delà des frilosités, voire des calculs de certains dirigeants syndicaux, le mieux est d’additionner toutes les mobilisations, les rassemblements, les initiatives, qui se construisent autour du 9 avril.De même sur les revendications : n’opposons pas les mots d’ordre les uns aux autres. Nous ne devons pas opposer le nécessaire retrait de la loi Macron à tout ce qui se joue, toutes les mobilisations, autour des salaires et des conditions de travail. Le 9 avril doit être l’occasion de nous redonner confiance dans notre capacité à nous mobiliser, un relais pour les luttes déjà engagées, parfois suspendues, mais pour lesquelles la construction du « tous ensemble » apparaît de plus en plus non seulement comme une nécessité mais aussi comme une possibilité.
Robert Pelletier