« L’inversion de la courbe du chômage » se fait attendre. Et l’accord Unedic ne va pas améliorer les choses, surtout pour les chômeurs âgés dont les droits sont rognés…
Les chiffres du mois de février 2017 publiés par Pôle emploi font bien apparaître une légère baisse (− 3500) du nombre de demandeurs d’emploi en fin de mois n’exerçant aucune activité (catégorie A). Mais si on intègre à ces chiffres les demandeurs en catégorie B et C (qui exercent une activité réduite), le nombre de demandeurs d’emploi disponibles a crû de 28 800 au cours du dernier mois. Sur un an, le nombre d’inscritEs en catégorie A a diminué de 3,2 % et celui d’inscrits en catégories A, B, C a crû de 1 %. Donc, l’évolution récente, c’est un peu moins de chômeurs totaux et plus de précaires.
Un chômeur sur deux est indemnisé
Sur le territoire « français » (y compris les « DROM »), le nombre de demandeurs d’emploi s’élève à 3,7 millions de personnes pour la catégorie A et à 5,8 millions pour les catégories A, B, C. Sous Hollande, entre mai 2012 et février 2017, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits en catégorie A a augmenté de 560 000 et celui des demandeurs d’emploi inscrits en catégorie A, B et C a progressé de plus de 1,1 million de personnes. Il faut y ajouter près de 750 000 personnes inscrites à Pôle emploi mais non immédiatement disponibles.
La situation en matière de chômage continue donc d’être catastrophique. Et un chômeur sur deux n’est pas indemnisé : en décembre 2016, 3,3 millions de chômeurs de toutes catégories percevaient une indemnité, dont 2,8 millions au titre de l’assurance chômage.
Un accord indécent
Dans ce contexte, l’accord sur l’Unedic annoncé le 30 mars dernier n’en est que plus indécent. Le Medef a trouvé une nouvelle fois des « partenaires sociaux » compréhensifs, puisque, parmi les organisations participant aux négociations, seule la CGT a refusé l’accord proposé.
Les mesures de régression sociale prises concernent surtout les salariéEs âgés qui ont pourtant le plus de mal à retrouver un emploi : les possibilités d’accéder à une indemnisation plus longue sont repoussées de 50 à 55 ans, avec comme conséquence de faire basculer de plus en plus de personnes vers des minima sociaux insuffisants pour vivre.
Le représentant du patronat a accepté une hausse très limitée (de 4 à 4,05 %) de sa contribution : cela a suscité le mécontentement de certains secteurs du Medef alors que cette augmentation correspond à la baisse déjà actée de la cotisation des patrons pour les impayés de salaires des entreprises en faillite. Du coup, sauf la CGT, les syndicats ont abandonné leur exigence de surtaxation des CDD et la taxe existante depuis 2013 est pratiquement supprimée. Dans la réalité des chômeurs, il y aura, selon les mots cyniques de Véronique Descacq de la CFDT « des gagnants et des perdants »... Merci pour les perdants.
Le gouvernement co-responsable du chômage
Le gouvernement s’apprête à valider cet accord. Il a distribué des milliards aux grandes entreprises via le CICE qui a prolongé la politique d’allègement des cotisations sociales patronales. Par sa soumission au patronat, il partage la responsabilité de l’augmentation du chômage et de la précarité.
Fondamentalement, le chômage est la conséquence d’un système économique qui utilise et rejette les travailleurEs au gré des restructurations, délocalisations, et autres « modernisations ». Les chômeurs ont tous droit à une indemnisation qui leur permette de vivre dans des conditions décentes.
Henri Wilno