Anne Hidalgo, maire de Paris et dernière des socialistes ? Certains voudraient le croire, avec la majorité « gauche plurielle » et les gestes en faveur de l’écologie mais, derrière le vernis social, on trouve la femme de « gauche » devenue Macron-compatible sur le travail dominical et qui menace de révoquer deux éboueurs CGT qui s’apprêtaient à mener une action symbolique devant le siège de LREM… Deux conflits sociaux récents illustrent cet écart grandissant entre les mots et les actes.
Commencée le 3 mai dernier, la grève pour les conditions de travail de la vingtaine d’agentEs des Catacombes a eu un retentissement qui va bien au-delà de son périmètre restreint : 100 % de titulaires en grève reconductible dans un des musées les plus fréquentés de la capitale, c’est du jamais vu à Paris ! Leur direction, Paris Musées, qui gère quatorze sites touristiques de la ville, a d’abord feint d’ignorer leur mouvement puis tenté de remplacer les grévistes pour enfin faire appel à des syndicats qui n’étaient pas dans la lutte pour signer la fin du conflit.
Avec le soutien de la CGT et de Sud, en se liant à d’autres secteurs mobilisés et en s’adressent à la mairie centrale, ils auront fait céder leur employeur le 15 juin dernier : augmentation de la prime de pénibilité de 60 à 180 euros, embauche de sept agents supplémentaires et alignement du salaire entre titulaires et ex-contractuels. De quoi donner des idées à d’autres… La bibliothèque du Centre Pompidou est entrée à son tour en grève.
Vélib’ : un naufrage industriel et social
À la surprise générale, c’est le challenger Smovengo qui a remporté l’an dernier le marché parisien du vélo en libre-service en arguant d’une technologie plus avancée et d’un moindre coût d’exploitation. Le hic, c’est que, contrairement au contrat prévu pour Autolib’, le devenir des salariéEs de JCDecaux, l’opérateur historique, ne faisait pas partie des conditions de reprise : il aura fallu quinze jours de grève en novembre 2017 pour imposer la reprise d’une partie du personnel.
Or le protocole de fin de conflit était loin d’avoir tout réglé : en raison de la perte des accords d’entreprise et du changement de convention collective, le travail du dimanche et des jours fériés n’est plus payé double mais comme un jour ordinaire, celui de nuit ne l’est qu’à hauteur de 10 % et la prime de panier à 12 euros est remplacée par une carte déjeuner. En réponse, 85 % des personnels se sont mis en grève à partir du 17 avril, appuyé par la CGT et par Sud. La réponse de Smovengo, c’est la venue d’huissiers et de vigiles sur les entrepôts ainsi que l’embauche d’intérimaires pour casser la grève puis l’assignation des grévistes au tribunal.
Le 14 mai dernier, la justice ordonnait la fin des blocages mais précisait que Vélib’ était un service public, ce qui imposait le dépôt d’un préavis tout en retenant la bonne foi des grévistes, et enjoignait Smovengo à cesser de recourir aux intérimaires, ce qui n’est pas respecté. Après avoir refusé une médiation, la direction a licencié une vingtaine de grévistes et mis à pied ceux qui ont repris le travail : les Prud’hommes ont depuis été saisis pour demander leur réintégration et un grand rassemblement est prévu devant la mairie de Paris. Pendant ce temps-là, seule la moitié des nouvelles stations de vélos a été installée et le trafic divisé par dix… Il est grand temps d’arrêter ce cirque en municipalisant Vélib’ !
LD