Le samedi 9 décembre aura lieu à Paris (14h30, place du Palais-Royal) une manifestation autour des thèmes « ensemble pour le logement social, pour un vrai service public du logement », à l’appel du collectif « vive l’APL ».
L'Union sociale de l’habitat (USH), parmi d’autres, dénonce la baisse des APL de 60 euros en moyenne pour les locataires de logements sociaux, que les bailleurs sociaux devraient compenser par des baisses de loyer. L’USH parle d’un coût de 1,8 milliard d’euros, ce qui entraînerait la non-construction de 55 000 logements, moins de réhabilitations et de mises aux normes, notamment d’accessibilité, une diminution des personnels, etc.
Un blocage des loyers rendu impossible
Il y avait eu un peu de nouveauté avec le blocage des loyers à Paris et à Lille. La mesure n’avait pas pour but de baisser les loyers, mais de signaler les abus, comme la hausse de 61,9 % à Paris depuis l’an 2000. Mais le 28 novembre, le tribunal administratif de Paris, après celui de Lille, a annulé la mesure, pour la plus grande joie des professionnels de l’immobilier. Le motif invoqué est que la mesure ne s’applique pas partout en Île-de-France. Et la solution évidente, l’appliquer dans toutes les communes, n’est pas facile puisqu’il faudrait connaître les prix partout et ce n’est pas le cas… Valls, opposé à ce blocage prôné par Duflot, n’avait rien fait ou plutôt tout fait pour empêcher la mise en place des outils statistiques indispensables à l’extension de la mesure.
Pourtant, comme dans tous les domaines, le capitalisme montre son aveuglement destructeur. On laisse agir la « loi du marché », les joies de la spéculation, et même les salariéEs pas trop mal payés ne peuvent plus se loger à une distance acceptable de leur travail. Et la brillante idée du « tous propriétaires » ne fonctionne pas mieux : avec la baisse des taxes d’emprunt, les ventes s’envolent… et se bloquent.
Un système à changer
C’est bien sûr tout le système qu’il faut changer, pour en finir avec la spéculation. Il faut, et c’est possible, en venir à une autre conception du logement social. Parce qu’il est encore conçu comme un système d’assistance, alors qu’il faut l’adapter à la situation : c’est actuellement le seul moyen de se loger dans ce qu’on appelle les zones en tension, là où il y a un espoir d’emploi et pas de logements ; dans les petites villes de la région parisienne, 30 à 50 000 habitants, il y a au moins 3 000 demandes en attente pendant plusieurs années.
Dernière annonce en date, la lutte contre les passoires thermiques. Hulot parle d’un plan de rénovation d’un montant de 9,2 milliards d’euros. Pas inutile : le secteur résidentiel et tertiaire représente 45 % de la consommation d’énergie en France et 25 % du rejet des gaz à effet de serre. Mais sur ces 9,2 milliards d’euros, l’État ne débourserait que 6,2 milliards, les 3 autres milliards étant à la charge des bailleurs sociaux pour le parc HLM… déjà exsangues en raison de la baisse des APL… L’autre fiancement viendrait d’une augmentation de la taxe foncière pour les propriétaires qui ne font pas les travaux. Mais non seulement il faut que les bilans énergétiques soient faits honnêtement, mais en plus ce n’est pas l’État qui fixe les taxes foncières.
Bref, on va continuer à avoir froid dans des logements trop petits, trop chers, trop loin du boulot… quand on a un logement et un boulot ! Et, à propos de froid, l’hébergement d’urgence, on en parle quand ? Quand il y aura, une fois de plus, des morts ?
Isabelle Guichard