Les 250 agentEs spécialisés des écoles maternelles (Asem) de la ville de Rennes viennent d’obtenir le recul de la mairie quant au projet de réorganisation de leur intervention dans les écoles.
Les ASEM constituent un corps professionnel connu de toutes et de tous, pourtant, leur métier est mal connu de la population, y compris des parents d’élèves, et surtout très mal reconnu par leurs employeurs, les mairies. Ainsi, la ville de Rennes, après s’en être prise, les mois derniers, à l’organisation du travail dans les piscines et les bibliothèques, provoquant des conflits longs et difficiles, s’est attaquée cette fois au fonctionnement du service de remplacement des ASEM. Les éluEs en charge du dossier ont prétendu supprimer le pool de remplacement des absences courtes, annonçant sans vergogne que pour remplir leur mission « on ferajouer la solidarité à l’intérieur d’un même établissement ».
Grève !
La colère s’est très rapidement exprimée à l’annonce du projet de la mairie, et l’assemblée générale des ASEM, soutenue par une très large intersyndicale (CFDT, FO, Sud, Solidaires, CGT et Unsa) et par les enseignantEs, a décidé de faire grève les mardis et jeudis jusqu’à satisfaction. Cela a entrainé, depuis la fin du mois de mai, de fortes perturbations dans les écoles de Rennes, provoquant la désorganisation des services de cantine et de garderie. Faisant suite au long mouvement contre le recul de l’âge de départ à la retraite à 64 ans, au cours duquel les grèves furent plutôt bien suivies dans ce secteur, le « mouvement social des ASEM dans les écoles » (comme l’a désigné la presse locale) a rapidement concerné les parents d’élèves, très impactés dans leur vie quotidienne.
Les parents d’élèves...
Sans doute la maire de Rennes et sa majorité de « gauche » (PS, EÉLV, PCF, Générations) espéraient-elles que le mécontentement des parents entrainerait l’isolement et l’impopularité des grévistes ? Mais cela ne s’est pas passé ainsi : au contraire, dès le départ, les parents d’élèves et les enseignantEs ont soutenu le mouvement et se sont adressés publiquement, et sans ambiguïté, à la mairie, la rendant explicitement responsable des perturbations des services de cantine et de garderie (vraiment turbulents, les parents rennais, qui sont également très investiEs dans les occupations d’écoles pour loger les enfants de migrantEs à la rue !).
Le rapport de forces a basculé le 15 juin. Alors qu’environ 150 personnes (parents d’élèves, syndicalistes, ASEM) s’étaient donné rendez-vous à midi pour un pique-nique, une centaine d’entre elleux ont envahi la mairie pour se faire entendre, et se sont installéEs à quelques mètres du bureau de Nathalie Appéré, la maire de la ville.
La maire et ses adjointEs n’ont eu alors d’autre issue que de proposer la suspension du projet, moyennant la fin de la grève, s’engageant à repartir de l’existant et à ouvrir des discussions avec les ASEM et leurs organisations syndicales. Une belle victoire mais... connaissant l’équipe municipale de Rennes, la vigilance sera de mise à la rentrée !