Du 7 au 11 décembre, la CGT va tenir son 49e congrès confédéral. À l’approche de ce rendez-vous, les critiques fusent à l’égard de la direction.À l’approche de son 49e congrès, la direction de la CGT n’a que peu de succès à présenter pour son bilan depuis l’an dernier et cela fait plus que transpirer, tant dans les documents préparatoires que dans les réunions de la Commission exécutive confédérale ou les couloirs du siège de Montreuil.
Et pourtant, pas un regret, pas une critique, à peine une interrogation dans le rapport d’activité ! Cela pourrait déboucher sur un record de votes contre ce rapport. Seuls le filtrage des délégations et la comptabilisation des votes (seuls les rejets exprimés dans un compte rendu sont comptabilisés, toutes les autres voix étant considérées « pour »), pourront camoufler les désaveux qui s’expriment à la base. De la lourde défaite sur les retraites au calamiteux enchaînement des journées d’action espacées qui a dilapidé le potentiel de mobilisation apparu de janvier à mars, la stratégie confédérale basée sur le syndicalisme rassemblé et la priorité donnée au dialogue social comme principal objectif des mobilisations ont largement contribué à la dégradation du rapport de forces de ces derniers mois. L’organisation et le soutien de la lutte des sans-papiers, à l’initiative d’équipes militantes déterminées mais souvent isolées, sont d’autant plus à saluer que le développement du chômage peut fournir le terreau des pires régressions. Plus grave encore, l’état de l’organisation reflète le désarroi des équipes combatives et l’incompétence des bureaucrates qui ont pris place dans l’appareil dans les décombres laissés par le stalinisme. Les batailles bureaucratiques sont visibles tant au niveau d’unions départementales que dans la construction de la direction confédérale où Thibault se constitue une garde rapprochée pour conduire les réformes internes et assurer sa succession. Et les vieilles méthodes ne sont pas oubliées : construction de structures parallèles à celles qui ne sont pas dans la ligne, dé-mandatement de militants critiques. Syndicalisme en berneL’affaiblissement du mouvement syndical en général et de la CGT en particulier est sensible dès la fin des années 1970. La succession des gouvernements de gauche, trahissant les espoirs des travailleurs avec l’accompagnement complaisant des directions syndicales, a accéléré les processus de désyndicalisation, la déstabilisation politique des équipes militantes et le rejet viscéral de la « politique ». Dans le même temps, la casse du monde du travail avec les restructurations, les externalisations, le développement de la sous-traitance, la précarisation de l’emploi et la répression ont individualisé les statuts et fait reculer les résistances collectives. Au final, un redoutable fossé s’est creusé entre les travailleurs et le syndicalisme. C’est à ces difficultés que prétend répondre la direction confédérale, à sa manière : dépolitisation de l’action syndicale (version CGT du recentrage initié par la CFDT dans les années 1980), soit un refus d’engager un affrontement global contre la politique du gouvernement légitimé par les élections ; organisation systématique de la démobilisation (régimes spéciaux de retraites, grève à la SNCF, manifestations contre la « crise ») ; abandon de tout mot d’ordre capable d’asseoir des mobilisations ; refus de la coordination voire dénonciation des luttes contre les licenciements et fermetures de sites en raison de luttes trop radicales (Continental, New Fabris) ou sous le faux prétexte d’acceptation de primes, soit un renoncement à la bataille pour le maintien de l’emploi (Conti, Freescale) ; contribution à une réforme de la représentativité qui rend les syndicats plus dépendants de l’État et la modification de l’organisation de la Confé-dération visant à aggraver la main mise des sommets de l’appareil sur les structures de base ; tentative désespérée de se tourner vers les jeunes, peu réceptifs au langage et aux méthodes d’un syndicalisme enlisé dans les compromis. Face à cette situation, de nombreuses critiques émergent des syndicats, des unions locales, voire de certaines unions départementales. Les luttes contre les licenciements et les fermetures de sites mettent en avant des équipes syndicales qui refusent la stratégie confédérale. Les manifestations du 17 septembre et du 22 octobre ont rendu visibles des revendications, une combativité en rupture avec la direction confédérale.
C’est une partie de ces critiques éparses que la candidature de Jean-Pierre Delannoy, responsable de la métallurgie du Nord-Pas-de-Calais, exprime en leur donnant la possibilité de se faire connaître, tant dans le congrès que plus largement et de façon plus durable. La méthode de sélection des délégués (jeunes, femmes, ICT1), triés sur le volet par l’appareil, en font une masse de manœuvre facilement manipulable dans le congrès par la direction. Mais il reste toujours possible que l’air frais d’une lutte, le refus d’une manœuvre bureaucratique fassent sortir le congrès des rails posés par Thibault. Camille1. Ingénieurs cadres techniciens