La très forte augmentation du chômage s’accompagne d’une dégradation de l’accueil des chômeurs dans les Pôle Emploi. On ne dira jamais assez les très mauvaises conditions d’accueil des demandeurs d’emploi dans les Pôle Emploi. Leurs témoignages sont accablants sur l’ambiance qui règne dans ces structures chargées en principe de les accueillir et de leur retrouver du travail. Quand ils entrent dans l’agence, personne pour leur parler. Il n’y a plus aucune offre d’emploi, si ce n’est quelques heures de ménage. Pourquoi ? Un demandeur d’emploi qui fait quelques heures de ménage n’est plus comptabilisé en catégorie 1. Il disparaît ainsi du chiffre mensuel « officiel » du chômage, publié dans tous les médias, qui ne s’intéressent plus qu’aux chômeurs sans aucun emploi. De même, plus aucun contrat aidé. Le nombre de contrats aidés, qui était de 2 650 000 en 2000, sous le gouvernement Jospin, n’est plus que de 330 000 en 2009, précipitant ainsi à coups de pied, dans la misère la plus noire, plus de 2, 3 millions de personnes en insertion dans l’indifférence générale. Les contrats aidés ont mauvaise presse, mais les chômeurs y sont souvent attachés en l’absence d’alternative. Au téléphone, et comme le montrait le reportage de l’émission Envoyé Spécial au Pôle Emploi de Mulhouse, diffusé dernièrement sur France 2, quand un chômeur veut parler avec un conseiller, il tombe sur un répondeur. Le Pôle Emploi ressemble à tout, sauf à un service public. Quand il peut enfin parler à un opérateur privé, cela se passe de la façon suivante : l’opérateur privé a une formation en ressources humaines et, dans un premier temps, sait le mettre en confiance. Fait parler le chômeur de sa situation, ses problèmes : un intérêt qui, bien évidemment, touche le demandeur d’emploi, abandonné par tous. Alors, il parle, il se « lâche » : raconte par exemple qu’il a oublié de pointer ou n’est pas allé à tel entretien professionnel. Le résultat est immédiat : l’opérateur privé fait un rapport au Pôle Emploi et le chômeur perd ses indemnités chômage. Le nombre de chômeurs radiés en 2009 a ainsi bondi de 11 %. Derrière ce chiffre, il y a toute la mort du service public du placement de l’emploi, mis en place, au lendemain de la guerre par Ambroise Croizat, ministre communiste du Travail, entre 1945 et 1946. L’idée était alors que toute personne, à la recherche d’un emploi, se voyait proposer, par les services de la main-d’œuvre, un véritable emploi. Au ministère du Travail, j’ai rencontré une secrétaire ayant commencé sa carrière au service de la main-d’œuvre et qui me racontait qu’il n’y avait pas de vitres aux carreaux, fin de guerre oblige, et que l’on grelottait l’hiver. En revanche, on trouvait un job à chaque chômeur. Une telle histoire a le goût du paradis perdu. Aujourd’hui, on voit bien comment Sarkozy ne veut absolument plus reclasser les chômeurs ni même les indemniser. Au moindre prétexte, on leur supprime leurs indemnités. Il est bien là l’anti-humanisme puant, abject, d’un Sarkozy et de la domination libérale qui ne sait plus qu’exclure et exclure encore. À Toulon par exemple, le centre-ville a été classé zone franche tant y règne la misère la plus noire : les gens n’ont plus de quoi payer leur loyer ni leur nourriture. Juste à côté, il y a les yachts et la richesse la plus répugnante. Toute la France est organisée sur le modèle de la ville de Toulon : d’un côté, une déchirure du tissu social sans précédent, comme l’atteste le dernier rapport sur la pauvreté, publié en novembre 2009, par le Secours catholique, et corroboré par le rapport de l’OFCE/Fondation nationale de sciences politiques, qui annonce trois millions de chômeurs fin 2010. Une note confidentielle du Pôle Emploi annonce 4 millions de chômeurs pour la fin 2011. De l’autre, le salaire des top-managers s’envole : +44 % entre 1998 et 2006, alors que les salaires moyen et médian augmentent, au cours de la même période, de 0,6 % (voir à ce sujet l’étude sur les inégalités de salaires en France réalisée par Camille Landais administrateur de l’Insee1). Le bouclier fiscal génère des pratiques abjectes consistant à faire, à des Français déjà très riches, des chèques d’un million d’euros. La lutte contre le chômage doit être la priorité pour le NPA. Il convient, d’une part, de dire la vérité sur le cataclysme actuel avec un chômage au pire niveau constaté au cours des 35 dernières années. D’autre part, face au baratin officiel, il faut de solides contre-propositions : rétablir l’autorisation administrative de licenciement, redonner à l’inspecteur du travail un contrôle de la réalité du motif économique invoqué par l’employeur à l’appui de ses licenciements, obliger tout patron à reclasser le salarié licencié sur un poste de statut équivalent, à salaire égal et à une distance acceptable. Brigitte Pascal, , commission précarité du NPA1. Publiée en mars 2009, disponible sur le site de l’Insee.