Témoignage de Thomas Petit, syndicaliste Sud et ancien gréviste de la faim.
Nous étions, le jeudi 16 décembre au matin, plus de 70 aux portes du Centre hospitalier du Rouvray, en soutien à Nicolas, convoqué au bureau du procureur pour une « composition pénale ». Lors de la première vague du covid, la direction des soins avait pondu une note complètement hallucinante, qui nous demandait de faire sécher nos masques et de les réutiliser, qui demandait que les patients ne soient pas équipés de masque, au prétexte qu’ils risquaient de disséminer l’épidémie.
« Le but de la direction, c’est de museler les gens qui luttent »
Évidemment cette note scandaleuse avait été abondamment partagée sur les réseaux. Très rapidement la direction a sévi, trainant des militants devant le conseil de discipline, avec à la clef des exclusions de 15 jours. Mais elle n’en est pas restée là. Juste avant de partir, l’ancienne direction a très courageusement laissé une plainte. Nicolas passe donc aujourd’hui devant le procureur, avec la menace d’une condamnation de 300 euros, et des dommages et intérêts. Il a évidemment refusé de plaider coupable, et passera donc en correctionnelle.
On est en colère. On est exclu ou convoqué devant le procureur, mais c’est la direction qui devrait être devant le procureur, pour mise en danger des patients et des personnels. Pour ses mensonges, aussi, laissant croire que c’est nous qui sommes allé sur les serveurs de l’hôpital pour sortir cette note… que la direction a elle-même diffusée dans tous les services ! La nouvelle direction ne s’est même pas déplacée au tribunal, quel courage ! Le but de la direction, c’est de museler les gens qui luttent, qui la ramènent. Depuis des années, on se bat ici contre la destruction du service public, la réduction du nombre de lits, le manque de personnel qui met les malades en danger, les risques psycho-sociaux traités par-dessus la jambe. Notre mouvement de grève de la faim de 2018, l’occupation des bâtiments administratifs, la solidarité entre les grévistes de la faim, les personnels, les familles de malades, la population rouennaise, avait lancé tout un cycle de mobilisation en psychiatrie avec les perchés du Havre et bien d’autres.
Nous faire taire, sauf que cela ne marche pas. On ne va pas lâcher. On n’est pas une exception. Partout en France, avec une vrai accélération ces dernières années, il y a une criminalisation du mouvement social, j’en parle avec des collègues de l’Éducation nationale, de la Poste ou de la SNCF. Alors on a besoin de la solidarité, de populariser cette exigence simple d’arrêt immédiat de toutes les poursuites.