En peu de temps, le climat autour des entreprises en lutte a changé. De meeting en manifestations, les relations se tissent.Des déclarations !C’est une salle bien remplie – 500 personnes – à Sciences Po jeudi 24 janvier qui répond avec enthousiasme aux appels des intervenantEs se relayant à la tribune pour la coordination des luttes. Public de militantEs, d’étudiantEs, rassemblé à l’appel initialement de Sud Étudiant et de la CGT Sanofi Vitry, appel entendu et repris au fil des jours par des représentantEs de pratiquement toutes les entreprises en luttes contre les licenciements et les fermetures de sites : Sanofi Vitry, Sud Aérien, Sud Virgin et les équipes de CGT d'Air France, Virgin, Philips, Presstalis, PSA Aulnay, Renault Guyancourt, Renault Lardy, Goodyear Amiens, Sanofi Vitry et les Licenci’elles.Partout, la même double logique patronale est à l’œuvre : accords de compétitivité, licenciements et fermeture de sites, les deux plats du menu patronal sont présentés dans des ordres différents mais la note est toujours salée. Les mobilisations prennent des formes et des contenus divers. Les intervenantEs critiquent ouvertement la politique du gouvernement. Maintien de l’activité, recherche d’un repreneur, sauvegarde de l’emploi en France, beaucoup de nuances entre les intervenantEs. Le camarade de Virgin voudrait bien qu’un repreneur dégage le bandit Butler pendant que le représentant de la CGT de PSA Aulnay termine son intervention sur « l’interdiction des licenciements » et le « partage du travail entre toutes et tous ». Ceux de Goodyear et des Licenci’elles proposent une loi contre les licenciements dans les groupes qui font des bénéfices. Mais ce qui ressort aussi, ce sont les difficultés pour construire les mobilisations, difficultés encore plus grandes pour des initiatives de convergence. Tous les intervenantEs ont évoqué la nécessité de l’élargissement et de la coordination, notamment avec le rassemblement du 29 autour des Licenci’elles à Paris.… À l’action !Cette journée du 29 janvier a bien été un pas important vers la convergence des mobilisations. Les PSA d’Aulnay ont tout d’abord rejoint les Virgin devant le magasin des Champs-Elysées. Il ne sont pas seuls : les Sanofi, les Candia, les Ford, au total plusieurs centaines de salariéEs. Des délégations du Front de gauche, de Lutte ouvrière, EÉLV et du NPA apportent leur soutien. Dans la foulée, les salariéEs de Virgin, venuEs aussi des magasins de province se rendent au siège du groupe où une délégation est reçue par des représentants de la direction. Pas de surprise, les négociations doivent continuer… Entre le Virgin et le ministère du Travail, Philippe Poutou a aussi rencontré les salariéEs de la Banque de France qui luttent contre un plan de licenciement de 2 500 postes.De l’autre coté de la Seine, les Sanofi, les Candia et les PSA sont allés retrouver les Goodyear, les Fralib, les Licenci’elles, les Faurecia pour présenter au ministère du travail un projet de loi contre les licenciements boursiers. Toutes et tous, tout de rouge vêtuEs. Ambiance assurée par les Sanofi avec chansons et haka pendant qu’une délégation était reçue par un sous-fifre de Sapin. Pas de surprise : il faut dialoguer et l’accord Medef-CFDT-CGC-CFTC est la bonne solution…Cette journée de mobilisation et de rencontres a donné un moral d’enfer. Une nouvelle réunion du collectif autour des Licenci’elles devrait se tenir rapidement pour décider d’une prochaine initiative. La coordination des luttes doit trouver des formes concrètes : rencontres dans des usines ou sites, manifestation nationale, initiatives de popularisation décentralisées et concertées. Il faut élever le rapport de forces pour imposer nos revendications autour de l’interdiction des licenciements, de l’expropriation des licencieurs, de la réduction du temps de travail.Robert Pelletier
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