Publié le Lundi 4 octobre 2021 à 16h46.

Déjà trois semaines de grève à Bergams (Grigny)

Depuis le 13 septembre, les ouvrières et ouvriers de Bergams à Grigny (Essonne), une entreprise de 300 salariéEs qui confectionne, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, sandwichs, salades et plats cuisinés pour Air France, Relay et Starbucks entre autres, sont en grève.

Bergams fait partie du groupe Norac, qui compte plusieurs filiales en France et dans d’autres pays européens et aux États-Unis. Avec une fortune de 260 millions d’euros, son patron, Bruno Caron, fait partie des 500 plus grosses fortunes de France.

Salaires en baisse, conditions de travail dégradées

Les salariéEs ont perdu de 300 à 800 euros de salaire par mois à la suite de l’APC (accord de performance collective) qui a été signé en septembre 2020 par les syndicats CFDT, CFTC et CGC, puis entériné par un un vote — à peine — majoritaire des salariéEs. La direction a pu imposer ces accords à la faveur de la baisse de commandes entraînées par le covid, et en agitant des menaces de licenciements, voire de fermeture de l’entreprise pendant les confinements. Elle a usé de toutes les manœuvres pour faire voter les salariéEs en faveur de l’accord, organisant par exemple des réunions par groupes de 10, d’une même origine géographique, sans les délégués syndicaux, en leur racontant ce qu’elle voulait et en exerçant son chantage.

Grâce à cet accord, elle a fait baisser les salaires et droits des salariéEs au plus bas de ce qui existait comme statut à Bergams. Cette société avait repris, il y a une dizaine d’années, plusieurs petites entreprises, en annulant par exemple l’ancienneté, en supprimant des primes de travail le dimanche et les jours fériés : certainEs salariéEs ont perdu jusqu’à 800 euros dans l’affaire et touTEs au moins 200-300 euros. « Grâce » à cet accord de compétitivité et avec l’annualisation des heures de travail, ils et elles peuvent travailler jusqu’à 42 heures par semaine, théoriquement payées à la fin de l’année. Mais la direction se débrouille pour ne pas avoir à le faire en diminuant les horaires à ce moment-là. Ce qui ne l’empêche pas d’embaucher des intérimaires et de bénéficier des aides de l’État, qui finance aussi en plus le chômage partiel grâce à l’ARME (activité réduite pour le maintien en emploi).

Les grévistes demandent l’annulation de l’APC et de l’ARME, des embauches en CDI, l’augmentation des salaires, le respect, l’arrêt des pratiques racistes.

La dignité face au mépris et à l’arrogance

Cela fait maintenant trois semaines que les Bergams sont en grève, à près de 100 % à la production et à la mise en emballages et sur palettes. Les quatre coins du monde sont représentés, Asie du Sud Est, Maghreb, Afrique subsaharienne, Chine… à l’image de la population de Grigny et d’une grande partie de la classe ouvrière en France ! Les piquets de grève sont assurés en permanence : la nuit et le matin très tôt assez peu nombreux, renforcés dans la journée, après l’ouverture des écoles, par les femmes qui sont plus de 70% à la production dans l’usine.

La direction, qui a intenté un référé contre les grévistes en les accusant d’empêcher les salariéEs de travailler, en a été pour ses frais. Elle n’a pas eu satisfaction mais le jugement est reporté au 22 octobre. Une petite revanche sur leur mépris et un encouragement à ne pas lâcher la grève.

À ce jugement, un médiateur a été nommé. Venu rencontrer les grévistes puis la direction, celui-ci a jeté l’éponge en fin de semaine et demande une médiation par l’inspection du travail.

La direction, qui n’a depuis trois semaines proposé aucune rencontre aux salariéEs grévistes, exige pour entamer l’ouverture de discussion, que les salariéEs abandonnent le piquet de grève. Quelle arrogance et quel mépris, après avoir jeté ces travailleurEs dans la misère, elle voudrait leur faire laisser leurs exigences à un travail digne !

À ce jour, les salariéEs, toujours unis, refusent la reprise du travail et reçoivent la solidarité de militants de leurs syndicats et de travailleurs autour d’eux.

Ils et elles ont ouvert une caisse de grève : cotizup.com/solidarite-grevistes