Mercredi 9 mars, le président du Medef, Pierre Gattaz, a adressé à la présidente de la CGC, Carole Couvert, deux SMS qui se sont retrouvés dans la presse. « L’attitude de la CGC est incompréhensible et nuisible. Vous avez déjà planté la loi MDS [Modernisation du dialogue social]. Vous n’allez pas nous planter la loi MEK (Myriam El Khomri) », lui écrit Gattaz. Puis d’ajouter : « Si vous persistez dans cette attitude "cgtiste" sur cette loi, le Medef en tirera toutes les conséquences sur nos discussions en cours ». Et il se fait plus précis : « Ce que je veux dire c’est que nous (ne) vous soutiendrons plus dans votre combat pour les cadres si vous plantez la loi MEK ». Carole Couvert aurait répondu qu’elle ne « fonctionnait pas à la menace ».
La formule de Gattaz sur le « combat pour les cadres » est obscure pour les non-initiés : concerne-t-elle le traitement des cadres dans certaines négociations (comme la mesure de la représentativité ou l’UNEDIC) ? Ou bien renvoie-t-elle à des questions plus matérielles ? Être moins indulgent à l’égard de la CGC dans la répartition de certaines dotations officielles ? Ou dans l’octroi de subventions dissimulées en prestations de services ? Après tout, la CGC (à l’époque non dirigée par Carole Couvert) aurait bénéficié des largesses secrètes de Didier Gautier-Sauvagnac, destinées selon le dirigeant de la puissante fédération patronale de la métallurgie à « fluidifier le dialogue social »...
Au-delà des péripéties récentes, cet épisode confirme la nécessité pour les organisations qui prétendent défendre les travailleurs d’être très vigilantes sur leur financement. Cela concerne tant les syndicats que les partis. Combien de comportements renvoient parfois à la nécessité de conserver des sources de financement (subventions, élus, etc.) ?