A l’usine Safran de Bidos (près d’Oloron), nous sommes plus de 600 salariés dans la production de train d’atterrissage pour les avions Airbus.
Jeudi 9 septembre, pendant une demi-heure, de 13h45 à 14h15, nous nous sommes mis en grève à une grande majorité contre les projets de la direction de remettre en cause lourdement les horaires de travail et de présence à l’usine. Notamment, l’obligation de travailler les vendredi après-midi, l’obligation de travailler la demi-heure de casse-croute, la remise en cause du système de crédits d’heures donc d’horaires variable, les majorations des heures sup revues à la baisse, tout ça finalisés dans un projet d’accord local que notre direction veut faire valider par nos syndicats. Selon elle cet accord nous serait plus favorable que l’accord central Safran dit OATT (Organisation et aménagement du temps de travail) déjà signé par la CFDT et la CGC. Mais ce nouveau plan dit de compétitivité se répand aussi dans toutes les grandes entreprises de l’aéronautique avec le but à peine caché de faire travailler plus ceux qui restent encore en activité avec le même salaire.
Depuis des mois que tout cela se trame, la colère grandit, et juste avant les congés, nous étions nombreux à dire aux délégués notre désaccord avec ces mauvais coups et qu’il fallait organiser un mouvement social pour le faire savoir. La direction, sentant cela, a alors décidé de couper en 2 son projet, remettant à plus tard son projet d’accord de compensation sur la pénibilité et maintenant celui sur les horaires.
Dès la rentrée, FO (majoritaire) tout comme la CGT (minoritaire), ont accepté d’organiser le mardi 7 septembre des AG (réunion des salariés payées) où ils ont dû expliciter les projets de la direction. A l’initiative de la CGT, il y a eu un vote majoritaire à main levée pour rentrer dans l’action. Le jeudi suivant nous nous sommes mis en grève une demi-heure avec d’autant plus d’entrain que nos collègues de l’usine de Molsheim en Alsace se sont eux aussi lancés dans une grève de 2 jours pour les mêmes revendications.
Du coup, tout le monde s’est dit « OK » pour se revoir à partir du lundi suivant pour discuter d’une plateforme revendicative concoctée par nos syndicats mais qui doit être soumis au vote des salariés avant d’être rediscutée en local avec la direction de l’usine. Les militants de la CGT ont élaboré les revendications (enrichies des propositions de salariés) qui pour l’essentiel disent qu’on veut garder nos acquis. Voyant les évènements s’accélérer, la direction a convoqué les organisations syndicales sans pour autant ouvrir un nouveau calendrier de réunion.
Le lundi suivant la CGT a organisé un débrayage d’1 heure de grève par équipe avec AG pour discuter et valider ce cahier et c’est à 160 que nous nous sommes réunis et décidés de ne pas voter pour les propositions de la direction. FO qui jusque-là acceptait de suivre sous notre pression a décidé de ne pas faire grève et d’organiser, d’ici au prochain CSE, un vote (qui quelque soit l’issue ne les empêcheront pas de voter l’accord de la direction). Sur ce nous sous sommes donnés RV jeudi 23 avec barbecue à l’entrée de l’usine et 1 heure de grève pour essayer d’entraîner tous ceux qui hésitent encore à donner quitus à FO pour voter cet accord.
Cette nouvelle situation contribue au développement d’une conscience collective de changer les rapports de force dans l’usine. La volonté de notre direction reste la caporalisation des salariés en cherchant à les diviser. Mais à force de réduction des effectifs, les tensions sont de plus en plus fortes au sein de l’entreprise et nous voyons bien en revanche que Safran dégage de plantureux profits. La colère des collègues est forte face à cela et c’est elle qui a obligé les organisations syndicales à ne pas se précipiter dans le dialogue social.
On en est là aujourd’hui avec notre détermination toujours intacte à faire respecter nos exigences et notre dignité de travailleurs.