Xavier Bertrand veut réduire le financement des hôpitaux publics. Qui veut tuer l’hôpital fabrique son déficit...Xavier Bertrand, ministre de la Santé, vient d’annoncer, au 1er mars, la baisse des tarifs hospitaliers en médecine, chirurgie et obstétrique. S’agirait-il enfin d’une bonne nouvelle pour les salariés et les classes populaires, alors que la part des soins à la charge des « ménages » ne cesse d’augmenter ? Il s’agit en fait d’une nouvelle attaque contre l’hôpital public : la « baisse des tarifs » qui va accroître son étranglement financier. Le remboursement par la Sécurité sociale des actes pratiqués à l’hôpital va diminuer, alors que, mécaniquement, les dépenses hospitalières augmentent (frais de personnel, médicaments, produits alimentaires, travaux, frais de chauffage…). Cette décision n’aura aucune conséquence positive pour les malades. Ils vont être au contraire davantage sollicités pour payer, de leur poche, leurs soins hospitaliers, soit directement, soit par l’augmentation des tarifs des mutuelles. Dernier exemple en date : la remontée du seuil au-delà duquel les actes médicaux sont remboursés à 100 % (moins la franchise de 18 euros). Simultanément, le ministère confirme sa volonté de limiter l’activité des hôpitaux sous peine de sanctions financières. Moins d’actes, payés moins chers, alors que leurs dépenses de fonctionnement augmentent, le gouvernement met en place un mécanisme pervers pour réduire les moyens financiers déjà insuffisants des hôpitaux. Il organise ainsi leur déficit… au moment même où Sarkozy leur ordonne de sortir du déficit pour 2012 ! « Qui veut tuer l’hôpital fabrique son déficit » telle est bien la devise de ce gouvernement dont le but est de réduire la place de l’hôpital public pour favoriser le développement des chaînes de cliniques cotées en Bourse, comme il détruit la Sécurité sociale pour faire de la place aux assurances privées et à leurs profits. L’hôpital est déjà fortement pénalisé par sa mise en concurrence avec les cliniques commerciales. Avec des tarifs identiques, il doit accueillir les pathologies et les malades les plus lourds et les moins « rentables ». Nouvelle injustice : la baisse des tarifs annoncée est quatre fois plus importante pour les hôpitaux que pour les cliniques.Bref, c’est toujours deux poids deux mesures au détriment de l’hôpital, et les conséquences vont immédiatement se faire sentir. De nouveaux « plans de retour à l’équilibre » vont être imposés, avec à la clé des suppressions de services et d’hôpitaux de proximité et des restructurations, dont les malades seront les victimes. Des milliers d’emplois hospitaliers supplémentaires sont menacés, avec pour conséquences une insuffisance de personnel pour assurer la qualité et la sécurité des soins, la polyvalence généralisée et donc des risques accrus pour les malades. L’hôpital public, pilier de notre système de santé, est en grand danger.
Ces nouvelles mesures sont une raison supplémentaire pour assurer le succès de la journée unitaire du 2 avril, « notre santé est en danger », en direction des agences régionales de santé (ARS). Jean-Claude Delavigne