La planète devrait compter 202 millions de chômeurs cette année, soit 6 millions de plus qu’en 2011, et de 210 millions en 2016. C’est ce que révèle le rapport annuel de l’Organisation internationale du travail (OIT) du 30 avril dernier. Par ailleurs, plus de 40 % des demandeurs d’emploi des économies « avancées » sont au chômage depuis un an ou plus, et le travail à temps partiel contraint s’est accru dans deux tiers des pays émergents et en développement. Et la situation n’est pas près de s’améliorer car, toujours selon l’OIT, « la situation mondiale de l’emploi est extrêmement inquiétante et ne laisse entrevoir aucun redressement dans un avenir proche ».
Le rapport annuel de l’OIT souligne la situation particulièrement préoccupante de l’Europe où le taux de chômage a augmenté dans près de deux tiers des pays depuis 2010. Il y aurait selon Eurostat 24,772 millions d’hommes et de femmes au chômage dans l’UE. L’État espagnol et la Grèce sont les plus touchés. 24,44 % de la population active espagnole est aujourd’hui sans emploi. Le chômage touche particulièrement les jeunes puisque 52,01 % des moins de 25 ans cherchent un emploi. Plus d’1,7 million de ménages survivent sans qu’un seul membre de la famille n’ait un travail. Cette augmentation du taux de chômage dans l’État espagnol coïncide avec l’entrée en vigueur, le 12 février dernier, de la réforme du droit du travail préparée par le gouvernement conservateur. Un ensemble de mesures qui flexibilisent les conditions de travail en facilitant les licenciements au nom… de la lutte contre le chômage.
En Grèce, la situation est quasi équivalente avec un taux de chômage en janvier dernier de presque 22 %, chômage qui a quasi doublé en à peine deux ans, et ce sont une nouvelle fois les jeunes et les femmes qui sont le plus touchés.
L’explosion du chômage dans le monde et en particulier en Europe du sud, est due aux politiques d’austérité, dénonce clairement l’OIT. Pour Raymond Torres, directeur de l’organisation genevoise, « depuis 2010, et malgré les déclarations favorables à l’emploi [...], la stratégie politique s’est détournée de la création d’emplois et de l’amélioration des conditions de travail pour se concentrer sur la réduction des déficits budgétaires à tout prix ». Face à cette situation, l’OIT préconise un changement de stratégie tournée vers la croissance et prônant une augmentation des salaires… À défaut, l’OIT prédit un climat social houleux.
Selon les capitalistes et les dirigeants de la planète, la seule politique possible pour sortir de la crise et résoudre le problème de la dette, serait l’austérité. Mais ces politiques nous mènent droit dans le mur comme le constate l’OIT qu’on ne peut pas qualifier d’organisation « gauchiste » : augmentation du chômage, de la précarité, des inégalités, récessions… et toujours et encore plus de déficits. La solution aujourd’hui est d’avancer des mesures anticapitalistes radicales, alternatives, faisant payer la crise et la dette à ceux qui en sont responsables : refuser de payer la dette, saisir les banques pour les unifier dans un service public sous contrôle des salariés, augmenter les salaires, annuler les réformes cassant les retraites et les services publics, réduire le temps de travail pour mettre fin au chômage. Bref, imposer une autre répartition des richesses et retirer aux capitalistes leur pouvoir de nuisance.
Sandra Demarcq