La grève du 7 décembre dans le secteur social et médico-social a été une démonstration de force. Avec plus de 100 initiatives et plus de 55 000 manifestantEs (10 000 le 3 décembre 2020), cette journée est considérée comme historique pour ce secteur.
Alors que très souvent les collègues culpabilisent de laisser le public vulnérabilisé concerné par le secteur, elles et ils n'ont pas hésité à faire grève, quitte à fermer les services. On a d’ailleurs vu certaines associations et des collectifs de personnes concernées par les services sociaux et médico-sociaux être parties prenantes de ce mouvement. A Paris par exemple, Lyes Louffok et l'association d'anciens enfants placés Repairs75 se sont joints au mouvement, utilisant leur notoriété pour appeler le secteur a la grève. Ce sont aussi des personnes en situation de handicap qui se sont mêlées aux manifestantEs.
L'unité syndicale, nationale et locale, impulsée par les rencontres nationales du social en lutte, a largement contribué au succès de cette journée. Les revendications restent les mêmes : augmentation de tous les salaires des professionnelEs du social et médico-social d'au moins 300 euros ; arrêt de la casse du statut de fonctionnaire, de la fusion au rabais des conventions collectives du secteur, et conditions d'études et de rémunération dignes pour les étudiantEs ; financement de nos services à hauteur des besoins de la population.
Privé, public, étudiantEs, touTEs ensemble !
Le secteur privé associatif représentait le gros des troupes dans les manifestations. Pas étonnant quand le projet patronal consiste à conditionner une augmentation minable à une casse des acquis légitimes des conventions collectives du secteur. Ça ne passe pas ! Ce qu'il faudrait c'est plutôt généraliser les acquis des différents CCN, et notamment les congés trimestriels de la CCN66.
Mais le secteur public était aussi bien présent : Aide sociale à l’enfance, services sociaux, etc. Les services publics sont tellement dégradés que la sécurité de l'emploi ne pèse même plus dans la balance pour beaucoup de collègues : découragement, arrêts maladies, démissions, mi-temps thérapeutiques, etc. Il y avait également des étudiantEs venus pour dénoncer leurs conditions de vie précaires, des stages qui manquent cruellement et du niveau indigne de la gratification.
Le patronat du secteur a bien conscience du mécontentement des salariéEs et tente de profiter de cette colère pour avancer sur son plan de casse des conventions, et il organise cyniquement ses propres rassemblements en y appelant les salariéEs… en concurrence avec les initiatives syndicales ! C'est donc une course de vitesse qui est déclenchée entre salariat et patronat sur le terrain des initiatives.
Une nécessité d'organiser la suite par la base
Plusieurs assemblées générales de grévistes ont été organisées dans différentes villes. Une AG nationale, avec la participation de différentes régions, a également eu lieu le lendemain. Cette AG en ligne a permis de réunir une centaine de grévistes pour faire un bilan du 7 décembre et de discuter des suites, montrant une volonté de se mobiliser à nouveau très vite.
L'AG nationale, forte du retour des AG locales, a décidé d’une feuille de route : actions jusqu’au 15 janvier pour faire pression sur la conférence salariale ; nouvelle grève nationale le 1er février. Les prochaines AG devront être encore plus investies par les grévistes pour décider collectivement des suites du mouvement et ne pas être dépossédé de leur mobilisation par les directions syndicales.
En effet, le 11 janvier 2022, posé unilatéralement comme prochaine date de grève par la fédération CGT Santé et action sociale depuis plusieurs semaines en est un exemple. Cette date fait malgré tout écho aux collègues puisque la conférence salariale annoncée par Castex devrait se dérouler avant le 15 janvier. Cet appel vient d’être rejoint par la CGT Services publics. Une rencontre intersyndicale avec les rencontres nationales du travail social en lutte se tenait le 15 décembre.
Faire du 1er février une grève encore plus forte !
Si l’enjeu est de réussir une montée en puissance du mouvement, est-ce réalisable d'ici le 11 janvier ? Le débat s'est mené en AG. Beaucoup estimaient prématuré d'annoncer la prochaine grande date de grève juste après les vacances de fin d'année, ne laissant que trop peu de temps à la préparation concrète des AG et des piquets de grève, ainsi qu'à la construction de l’unité syndicale. En effet, pour que les collègues repartent massivement en grève, un travail de fourmi devra être à nouveau fourni par l’ensemble des forces : AG, diffusions de tracts, interventions dans les écoles, collages, actions… Se doter de 15 jours de plus, en parlant du 1er février, a semblé nécessaire à une majorité de collègues, pour amplifier la lutte.
Les collectifs et syndicats des rencontres nationales doivent œuvrer à convaincre collègues et syndicats de s'unir autour de cette journée de grève, qui devra être reconduite si la colère monte encore d'un cran. Un 1er février qu’il faudrait populariser pour servir d’appui à la décision d’une date interprofessionnelle. Ce n’est qu’en conservant l’unité précieuse du mouvement et sa dynamique qu’un véritable rapport de forces avec le patronat s’imposera et que les revendications des salariéEs du secteur pourront être entendues et victorieuses. Le 7 décembre n’est pas une fin en soi, il n’est que le début d’un potentiel mouvement d'ensemble des salariéEs du social et du médico-social.