Macron a annoncé début juin qu’il voulait engager une nouvelle réforme des retraites afin, selon France Info, de poursuivre « l’esprit du programme » pour lequel il estime avoir été élu en 2017. Il a annoncé qu’il devra prendre des « décisions difficiles » sur ce sujet en précisant que « rien n’est exclu ».
Sa communication a été parfaitement réglée : le ministre des Finances Le Maire a appelé à « poursuivre les réformes structurelles » en précisant que « la priorité, ce sont les retraites » ; Guérini, délégué général de la LREM, a annoncé qu’il fallait « travailler plus longtemps car c’est le sens de l’histoire » ; le député LR Woerth a préconisé de « repousser l’âge légal du départ en retraite à 65 ans » ; Borne, la ministre du Travail, a tenté de rassurer en prétendant que la réforme répondrait à « des enjeux de lisibilité et de justice » ; et Bayrou du Modem a affirmé que cette réforme est « inéluctable », insinuant ainsi qu’il est inutile de la contester...
Le retour de la réforme de 2019 ?
L’intention du chef de l’État n’est pas de reprendre intégralement le projet de 2019 présenté désormais comme étant « trop complexe » et « porteur d’inquiétudes », mais de le fragmenter en plusieurs mesures paramétriques appliquées successivement : hausse et durées de cotisations, âge légal de départ, âge pivot pour bénéficier d’une pension à taux plein. Il ne renoncerait pas non plus à la mise en place d’un « régime universel » mais veut atteindre le même but en supprimant les régimes spéciaux. L’objectif global reste le même, réaliser des économies car pour les capitalistes la part du PIB consacrée à la protection sociale est trop importante, plus particulièrement celle consacrée aux pensions de retraite (13,8 % en 2020).
Une mesure importante de la réforme de 2019 n’a pas été évoquée, la refonte du financement en créant un régime par points. Cette disposition devait s’appliquer en 2025 en raison de la complexité de la transition. Macron n’a donc pas estimé nécessaire de rappeler actuellement cette mesure qui permet de revoir à la baisse le montant des retraites par l’ajustement de la valeur du point afin de limiter les dépenses de retraite à un pourcentage du PIB décrété auparavant par le gouvernement.
Se mobiliser pour stopper ce gouvernement
Martinez, secrétaire général de la CGT, a déclaré que « la réforme des retraites n’est pas abandonnée et que le gouvernement réfléchit à autre chose qui pourrait ressembler : reculer l’âge de la retraite, cotiser plus de trimestres. Le résultat est le même, ils veulent nous faire travailler plus longtemps ». Il a conclu à la nécessité de « rester mobilisés ».
Auparavant FO avait déjà affirmé que « la relance des contre-réformes c’est non ! ». Pour Berger, de la CFDT, ce serait « une folie » d’engager cette réforme avant l’élection présidentielle. Il ne faut pas « surréagir » alors que le projet n’est pas encore présenté ni « mettre de l’huile sur le feu ». Interrogé par l’AFP sur l’abandon du système de retraites par points voulu par la CFDT, il affirme avoir « des sources qui [lui] disent qu’il n’y a rien d’arbitré ». Enfin il rappelle qu’une « approche purement paramétrique est une approche qui ne [lui] conviendrait pas du tout » indiquant ainsi qu’il souhaite le retour de la réforme systémique1.
Sept syndicats et associations de retraitéEs (CGT, FO, FSU, Solidaires, Ensemble et solidaires, FGR, FCP et LSR) appellent à une journée nationale de manifestations le 1er octobre 2021 pour la revalorisation immédiate des retraites de base et complémentaires, pas de retraites inférieures au SMIC, des moyens supplémentaires pour les services publics et le système de santé et pour une Sécurité sociale financée par les cotisations sociales.
Le refus de la réforme de Macron sera certainement ajoutée à ces revendications. Mais pour faire échec à Macron et son gouvernement il est nécessaire de ne pas attendre cette échéance pour reprendre touTEs ensemble, salariéEs, sans emploi, retraitéEs et jeunes, la mobilisation.
- 1. Réforme globale du système (par opposition à une réforme paramétrique).