Publié le Mercredi 9 décembre 2020 à 11h14.

A Massy (91), licencier des éducateurs de rue pour « lutter contre la délinquance » ?

Suppressions de postes, baisse des financements par les départements, la prévention spécialisée a tendance à disparaitre ces dernières années.

 

Suivant cette logique, le club de prévention spécialisée de Massy va fermer ses portes. En conséquence : huit licenciements de travailleurEs sociaux et plus d’une centaine de jeunes abandonnéEs au beau milieu de leur accompagnement.

Du suivi des jeunes…

Les éducateurEs font un travail au quotidien d’accompagnement des jeunes en difficulté sociale, financière ou familiale dans le but de les aider à s’insérer socialement, à trouver du boulot ou des formations, un logement, afin de prévenir l’isolement et de garantir l’accès à leurs droits. Travail d’approche dans la rue, création de lien social avec les jeunes, le travail se base sur l’anonymat et la libre adhésion, il faut donc gagner la confiance des jeunes sur le long terme pour les accompagner dans leurs projets, leurs démarches et être en mesure de les rediriger vers les différentes institutions (missions locales, centres médico-psychologiques, logements sociaux, centres sportifs...) pouvant leur proposer des aides concrètes.

… à la lutte « contre la délinquance » ?

Le projet du maire de Massy est de les remplacer par une équipe en régie municipale, dans un « souci de maintien de la tranquillité publique » voire « contre la délinquance » plutôt que dans un rôle d’accompagnement et d’aide aux jeunes en difficultés, dangers et souffrances.

Des professionnelEs qui ne sont majoritairement pas soumis au secret professionnel, ne garantiront pas la confidentialité de leurs échanges avec les jeunes. Ils se retrouveront sous la responsabilité du maire UDI Nicolas Samsoen qui souhaite « poursuivre le développement de la vidéosurveillance » et se réjouissait dans son programme pour les élections municipales de 2020 de l’arrivée de neuf nouveaux policiers municipaux à Massy. Au moment où il renforce les effectifs policiers dans les quartiers populaires, on comprend pourquoi il souhaite remplacer les éducateurs spécialisés par des équipes qui seront surtout là pour fliquer les jeunes déjà habitués à subir des contrôles au faciès et des violences ou humiliations de la part de la police.

Non aux licenciements des éducateurs de rue ! 

Les jeunes en contact avec les éducateurEs ont protesté en faisant circuler une pétition. Les éducateurEs ne se laissent pas faire non plus, et ils et elles étaient présents à la manifestation du jeudi 3 décembre à Évry, dans le cadre de la journée de lutte nationale des salariéEs du médico-social demandant à toucher les augmentations du « Ségur de la santé », pour exiger des moyens pour les travailleurEs sociaux dans ce département qui leur coupe les vivres.