Cela coince tellement que la crèche Miriam-Makeba est partie en grève lundi 30 mars, et que la question se pose désormais de lancer un mouvement à l’échelle de toute la ville.
Il faut dire que le nombre de places en crèche est loin de répondre à la demande. La ville enregistre 1 800 naissances chaque année, 5 400 enfants de moins de 3 ans sont susceptibles d’être accueillis en crèche. Or, en 2012, à peine 400 demandes de place étaient satisfaites pour près de 1 600 demandes, et la situation ne s’est pas beaucoup améliorée depuis...Les conditions de travail des personnels s’en ressentent à cause du manque d’effectifs : tout se fait dans l’urgence et la désorganisation, et les heures supplémentaires se multiplient, tandis que le droit à la formation continue reste trop souvent fictif. Les salariéEs des crèches sont surmenés et pas toujours remplacés. Ce désordre pèse sur la qualité de l’accueil des jeunes enfants.
Résister et apprendre des expériences passéesDepuis deux ans, plusieurs grèves ont éclaté. La première, en avril 2013, avait mobilisé l’ensemble des structures de la ville durant deux jours. Mais, par manque d’expérience, les agents ont repris le travail, alors que la municipalité n’avait fait que des promesses, pas toutes honorées depuis.En avril 2014, la crèche Julie-Daubié, particulièrement touchée par la désorganisation, a réussi à déposer un préavis de grève, suivi le premier jour par les plus grosses structures de la ville. Mais seul le personnel de Julie-Daubié avait poursuivi le mouvement durant quatre jours et obtenu en fin de conflit la mise en place de mesures spécifiques : possibilité de fermer des sections en cas de sous-effectif et recrutement immédiat de personnels en intérim. À la rentrée suivante, c’est le nombre d’enfants qui a été réduit, une nouvelle directrice recrutée, et une formatrice-éducatrice du Centre national de la fonction publique territoriale a été missionnée pour identifier les problèmes…Aujourd’hui, c’est donc au tour de la crèche Miriam-Makeba de se lancer dans la grève. Malheureusement le préavis syndical ne concernait pas les autres structures. Les personnels ont malgré tout diffusé un tract en direction de leurs collègues. Et tout en reprenant le travail, ils ont décidé en AG vendredi 3 avril de déposer un préavis pour toute la ville début mai, une fois passée la période des congés.Désormais, l’enjeu est de se retrouver le 9 avril, puis de profiter du temps disponible pour organiser sérieusement cette nouvelle grève, en s’y mettant tous ensemble à partir de l’expérience acquise !
Jeanne Boumendil