Anne Hidalgo (PS) et Nathalie Kosciusko-Morizet (UMP), candidates à la mairie de Paris, veulent « ouvrir le dossier » du travail du dimanche dans le commerce parisien. Une provocation pour les salariéEs d'un secteur où le patronat mène l'offensive pour l'extension sans borne des horaires de travail.Les commerces parisiens de vente au détail (hors commerces alimentaires, autorisés à ouvrir de droit le dimanche matin) ne peuvent déroger au repos dominical que s'ils sont situés sur une des sept zones touristiques ou d'animation culturelle. Ces zones sont définies par le préfet, sur proposition du maire.
En campagne... pour le patronatLe 10 avril, NKM s'est dite favorable à la création de nouvelles zones, notamment autour de l'Opéra ou de Bercy, où se trouvent plusieurs grands magasins. Hidalgo lui a emboîté le pas dès le 24 avril, en indiquant qu'elle était prête à discuter, dans le « dialogue social », de la carte des zones… avant de préciser le 29 avril qu'elle n’en voulait pas de nouvelles, mais plutôt redéfinir le périmètre de celles existantes. Elle pointe des « anomalies » dans le zonage actuel où, « à une rue près », certains magasins peuvent ouvrir et d'autres pas, alors qu'un redécoupage pourrait être « profitable en matière d'emploi ». Le « dialogue social » prôné viserait alors à fixer les contreparties pour les salariéEs, sans remettre en cause le principe du travail du dimanche.Autrement dit, les postulantes au pouvoir municipal sont prêtes à se plier au chantage à l'emploi et au salaire que, du fait de la concurrence entre grandes enseignes dans l'une des villes vitrines du capitalisme, le patronat impose à des salariéEs qui subissent déjà des conditions de travail dégradées : temps partiel, salaires au SMIC, horaires à rallonge, travail en soirée ou de nuit.À Paris aussi, la lutte pour les droits des travailleurs implique de s'affronter au pouvoir politique qui sert le patronat. La campagne municipale à venir devra permettre l'expression d'une opposition politique prête à l'assumer.
Julien Lanoli