Après les journées du 24 et du 28 novembre, une grève reconductible contre la privatisation de la poste n’est pas impossible. Mais il faudrait pour cela un appel clair et unitaire de la part des syndicats. Le 24 novembre à la poste, l’appel à la grève signé par CGT, CFDT, CFTC, FO et SUD était un test d’affrontement avec le gouvernement. Si la grève n’a pas été ridiculement faible, elle a été en deçà de celle du 23 septembre. Cela traduit un phénomène d’essoufflement du fait de l’accumulation de journées sans lendemain. Pour autant tout n’est pas fini. À condition que le 14 décembre, jour de l’examen de loi à l’Assemblée nationale, les fédérations syndicales de La Poste, et la CGT en particulier, soient extrêmement précises quant à leurs intentions réelles de lutter contre le projet de privatisation qui ne soit pas une « 24 heures de plus ». Pour comprendre les événements actuels, il est utile de connaître les traditions de lutte et de résistance aux PTT.* En 1990, « grâce » au Parti socialiste, les PTT sont devenus La Poste et France Télécom. En 1995, la plupart des structures syndicales étaient encore des syndicats PTT, la privatisation de France Télécom n’était alors qu’un projet. Menée à bien par le gouvernement de gauche plurielle, celle-ci a été un immense laboratoire d’expérimentations utiles pour tous les « privatiseurs », notamment avec l’introduction de salariés de droit privé à côté de fonctionnaires, effectuant les mêmes tâches, avec un salaire différent. À La Poste, la moitié du personnel est contractuel… et le mouvement syndical, parce que trop divisé, n’a jamais pu imposer une première revendication : à travail égal, salaire égal !La multiplication des réorganisations a modifié de fond en comble la structure socio-professionnelle des services et la direction de La Poste, par les nouvelles méthodes de management, a détruit de l’intérieur les points de repère et les solidarités. Les centre de tri, anciens bastions de la contestation, ont disparu au profit de structures plus petites, avec des équipes syndicales et de salariés en perpétuelle recomposition.Actuellement, les centres de chèques postaux deviennent les nouveaux abcès sociaux de fixation. La tactique de la direction de La Poste consiste à « remplir » l’agenda des organisations syndicales afin de leur faire quitter le terrain et les éloigner du personnel. Ce piège, labellisé « dialogue social » occupe les équipes syndicales par des réunions difficiles à évacuer, car importantes pour les salariés soumis aux restructurations. En outre, l’échec de la grève sur les retraites de 2003 et la brutale répression des quatorze postiers de Bordeaux, en 2005 ont provoqué un séisme, au point que de nombreuses équipes syndicales sont résignées et les postiers convaincus que faire grève c’est s’exposer à une mise à pied de deux ans, un déplacement voire le licenciement. L’appel de la CGT à une grève de 24 heures non reconductible le 24 novembre a pesé très fort malgré les appels de SUD et de FO à reconduire. Très peu de départements et de services ont poursuivi la grève le 25, le 26… Si une grève reconductible le 14 décembre reste possible, les fédérations doivent très rapidement l’annoncer et la préparer. Seul un appel unitaire pourrait convaincre l’immense majorité du personnel qui sait qu’un recul gouvernemental impose une grève dure, longue et massive. Mais, un seul appel ne suffira pas : il faudra organiser des tournées dans les services, les piquets de grève, préparer des initiatives avec les usagers dès le 14, se structurer... Nous sommes convaincus que les syndicats de La Poste, par une décision unitaire, claire sur la reconduction, feraient de ce combat contre la privatisation un point de ralliement de tous ceux et celles qui veulent en découdre avec Sarkozy. Rendez-vous pour le 14 et ses suites ? Simon NPA 31
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