Après un passage au Sénat qui s’est achevé lundi, le projet de loi sur le changement de statut de La Poste devrait arriver fin novembre à l’Assemblée nationale. La résistance s’amplifie désormais, avec des appels clairs à la mobilisation.
Au Sénat, la guérilla des parlementaires a fait long feu. Une vingtaine de voix manquaient pour que la gauche dépose une motion référendaire, mais aucune n’a fait défaut à la droite pour la refuser malgré diverses pressions sur les élus et… leur possible réélection.
Les Sénateurs, comme le gouvernement lui-même, ont cependant pris la mesure du changement qui a commencé à s’exprimer avec la votation citoyenne. Le ministre Estrosi s’est même fendu d’un néologisme: «imprivatisable». Mais quelle que soit la formule juridique, elle laisse entièrement la possibilité à l’État d’ouvrir son capital et de privatiser à plus ou moins brève échéance, à partir du moment où le statut de l’entreprise devient celui d’une société anonyme.
Petite concession: le régime de retraite de 100000 postiers ayant encore le statut de fonctionnaire devrait être garanti. Mais ce ne sera pas le cas pour les nouveaux embauchés après le 1er janvier 2010.
L’énorme mobilisation qui avait vu le jour lors de la votation citoyenne a eu incontestablement beaucoup de mal à rebondir depuis. L’envoi de cartes postales au président de la République lui demandant le retrait du projet de loi et la tenue d’un référendum ont certes permis de poursuivre les discussions avec un large public. Mais il est aussi évident qu’à un moment ou un autre, il est indispensable d’augmenter d’un cran la mobilisation, avec l’ensemble de la population et avec les travailleurs de La Poste.
Il y a quelques semaines encore, la perspective d’une grève reconductible pouvait encore prêter à sourires chez beaucoup de militants. Elle est aujourd’hui en train de prendre forme. C’est le résultat conjugué à la fois d’une initiative, celles de l’intersyndicale parisienne SUD, FO, CFTC qui a pris position dès la fin octobre, et d’un climat particulier de mobilisation dans le secteur colis. Cela s’est traduit le 5 novembre par une déclaration de l’intersyndicale SUD, FO, CFTC, CGT et CFDT appelant «nationalement les postiers à la grève le 24 novembre et à débattre dès maintenant des poursuites du lendemain, de l’action, de ses formes pour gagner». En même temps, le comité national contre la privatisation de la poste a confirmé sa décision d’organiser une manifestation décentralisée dans toutes les régions ou départements, le samedi 28 novembre. Cette échéance est d’une importance cruciale: elle interviendra au moment où les postiers seront eux-mêmes dans la grève si le mouvement démarré le 24 novembre commence à prendre réellement. Ce sera également une étape décisive pour aller vers une montée nationale à Paris en décembre, à quelques jours du vote de la loi à l’Assemblée nationale, afin d’exiger tous ensemble le retrait de la loi et le refus de la privatisation.
Nous devons par conséquent mettre toute nos forces pour que la journée du 28 soit une réussite et un tremplin pour aller plus loin dans la mobilisation.
Jean-François Cabral