Un an de prison avec sursis ! c’est la peine stupéfiante à laquelle a été condamnée le 18 décembre 2012 une psychiatre de Marseille, le docteur Canarelli, pour le motif encore plus stupéfiant d’« homicide involontaire ».Sa faute : lors d’une consultation, ne pas avoir retenu de force son patient qui a commis un meurtre 20 jours plus tard, alors que sa fugue avait été signalée dès son départ de l’hôpital. Ce qui, tout au plus, pourrait être considéré comme une erreur de jugement professionnel (qui reste à démontrer) devient donc un crime.Un tel jugement reflète le climat sécuritaire qui pèse de plus en plus lourdement sur la psychiatrie et qui imprègne toutes les institutions, il ne peut que le renforcer. « L’impunité de principe ne saurait exister, l’opinion publique ne le supporte pas » (sic !) a déclaré le président du tribunal, tandis que le journal LeMonde n’hésite pas à titrer un éditorial en première page « Le psychiatre et l’assassin : un jugement courageux » !
Priorité à l'enfermementS’ajoutant à la législation sécuritaire votée sous le précédent gouvernement, ce jugement place une véritable épée de Damoclès sur la tête des psychiatres et des équipes de psychiatrie. Ils doivent être d’abord les garants de la sécurité publique et donner la priorité absolue au contrôle et à l’enfermement dans les établissements psychiatriques ou version « moderne », version Sarkozy, à leur domicile, sous peine de lourdes condamnations.Ce retour au « grand renfermement » n’évitera pas les dramatiques passages àl’acte. Il contribuera par contre à rendre encore plus insupportables la souffrance etla vie de milliers de malades, et mettra encore plus à mal les possibilités de soins, déjà bien affaiblies par les restrictions de moyens soignants subis par la psychiatrie publique.Dans un communiqué commun, les quatre organisations syndicales de psychiatres affirment leur solidarité avec leur collègue et se prononcent d’ores et déjà pour un mouvement national lors du procès en appel.J.C. Delavigne