« Accepteriez-vous une baisse de salaire pour conserver votre emploi ? ». Le Parisien, l’Expansion, le Figaro… posent tous la même question. La répétition insidieuse de ce type d’« enquêtes » et autres sondages vise à nous faire accepter l’idée que des sacrifices seraient nécessaires pour soit-disant sauver l’essentiel. Notre réponse est définitivement non !Salaires et crise : les chiffresLes pays d’Europe où les salaires sont les plus faibles ne s’en sortent pas forcément mieux : le salaire horaire des travailleurs portugais ou grecs, par exemple, sont parmi les plus faibles d’Europe (12,55 et 15,85 euros) et on sait que les taux de chômage dans ces deux pays ont explosé : 15,9 % au Portugal, 24,4 % en Grèce… De leur côté, les pays où les salaires sont les plus élevés (31,98 euros l’heure en Allemagne et 40 euros en Belgique, avec des taux de chômages respectifs de 5,5 % et 7,4 %) ne sont pas automatiquement les plus frappés par la crise.Accords-compétitivité : les patrons tiennent-ils parole ?Nous n’avons rien à gagner à la baisse de nos salaires : les travailleurs de différentes entreprises ont parfois accepté des baisses de salaires ou une augmentation de la durée du travail, en échange de promesses de « maintenir l’emploi », comme à Continental-Clairoix en 2008 ou à General Motors Strasbourg en 2010… Résultat : Continental a fermé et General Motors est aujourd’hui menacé. C’est le résultat de la politique des « accords-compétitivité » que le patronat est en train de chercher à généraliser. Depuis 2007, les patrons de l’industrie automobile états-unienne ont fermé une quinzaine de sites de production et les salaires à l’embauche (protection sociale comprise) ont diminué de moitié. Fiat a profité de la signature de tels accords en 2010 et 2011 pour licencier de ses usines italiennes les délégués syndicaux qui n’acceptaient pas de signer… Et annonce il y a deux mois qu’il allait revenir sur ses engagements de nouveaux investissements en raison « des nouvelles conditions sur le marché de l’automobile au niveau européen et international », à moins que le gouvernement italien ne lui verse des aides massives…C’est ce type d’accords que la direction de Renault vient de signer avec les syndicats espagnols et qu’elle cherche à imposer aujourd’hui en France. Quant au gouvernement, s’il reprend le langage patronal de la « compétitivité », ce n’est pas un hasard : son objectif est de généraliser cette politique.Une question de rapport de forcesEn réalité, le niveau du salaire et du chômage ne sont pas seulement des questions « économiques » sur lesquelles nous n’aurions aucune prise, un peu comme le cours de la Bourse. C’est aussi, et surtout, une question de rapport de forces. Accepter de reculer sur les salaires ou sur les conditions de travail est toujours interprété par les patrons comme un signe de faiblesse de notre part. Et cela les encourage à pousser leur avantage. Sous prétexte de maintien de l’emploi ou non, rien à gagner à ce type de chantage patronal !Xavier Guessou
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