Les cheminots déterminés poursuivent la grève, votée majoritairement par les roulants.Depuis la forte journée de grève du mardi 12 octobre, où 53,8 % des cheminots, tous collèges confondus, ont cessé le travail selon le décompte de la CGT, les cheminots poursuivent la grève. Celle-ci se maintient à des taux très élevés chez les roulants (conducteurs, contrôleurs) pour qui la direction est obligée de reconnaître une participation majoritaire à la grève reconductible dans la plupart des régions. Dans les services sédentaires, les taux de grévistes sont plus fluctuants. Un fort rebond du taux de grève était attendu dans l’ensemble des services pour le nouveau « temps fort » interprofessionnel du mardi 19 octobre. Dans bien des endroits, la participation aux assemblées générales est plus forte qu’au premier jour du conflit et les cheminots sont nombreux à grossir les rangs des manifestations à l’appel des organisations syndicales. Il ressort des discussions dans les assemblées générales un ras-le-bol qui va bien au-delà du rejet du projet de loi sur les retraites. À l’image de ce qui se passe dans l’ensemble du monde du travail, c’est une contestation globale de toute la politique de casse sociale menée contre la classe ouvrière qui s’exprime et s’enracine. La conscience qu’un « tous ensemble » est nécessaire pour faire plier le gouvernement est largement acquise chez les cheminots en grève. De ce point de vue, la grève dans les raffineries, l’entrée en jeu de la jeunesse des lycées et des universités, la mobilisation croissante des routiers, les débrayages dans plusieurs entreprises du privé, confortent la combativité des cheminots. Bien souvent, des actions sont organisées en commun avec ces autres secteurs : assemblées générales parfois communes, manifestations unitaires, blocages de points stratégiques, visites de délégations de grévistes, etc. C’est l’une des caractéristiques les plus prometteuses de la grève en cours : les cheminots sont sortis de l’isolement qu’ils ont pu connaître lors de précédents conflits. Des contacts et noyaux militants se constituent au-delà des divisions sectorielles. Le « tous ensemble » nécessaire pour gagner prend forme. À l’heure où sont écrites ces lignes, nous ne savons pas quelles seront les suites à la journée du 19 octobre décidées par l’intersyndicale. Ce que nous savons en revanche, c’est que dans bon nombre d’endroits, les cheminots se sont donné des points d’appuis sérieux pour organiser eux-même la poursuite et l’extension de la grève à d’autres secteurs. Axel Persson
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