Alors que le quinquennat se termine, l’heure des bilans a sonné. Au-delà du mépris de classe fièrement affiché tout au long de ce quinquennat, Macron c’est avant tout une série de grandes réformes destructrices de nos droits sociaux, et une politique fiscale au service de ses amis les plus riches.
Chacun savait que Macron allait vite remettre en cause rapide le Droit du travail, la protection sociale, tout en poursuivant une politique de répression contre le mouvement social et d’atteinte aux droits démocratiques, visant en premier lieu les classes populaires. Un an à peine après la loi El Khomri, le gouvernement Macron a décidé de frapper vite et fort contre les droits des salariéEs avec les ordonnances réformant une nouvelle fois le Code du travail. Dès l’été de son arrivée au pouvoir, Macron reprend donc à son compte les principaux desiderata du Medef : détruire les outils de défense des salariéEs, des prud’hommes aux institutions représentatives du personnel, annihiler le Code du travail par l’inversion de la hiérarchie des normes, faciliter encore plus les licenciements. Et le résultat est sans appel : toujours plus de précarité pour les salariéEs.
Le Medef en rêvait, Macron l’a fait
Concrètement, ces ordonnances ont permis aux employeurs de recourir plus facilement à des emplois précaires avec la fin de la limitation du nombre de CDD renouvelables et de leur durée, et l’introduction du « CDI de chantier ». Elles ont également facilité le travail de nuit et mis fin à des critères de pénibilité permettant notamment la retraite anticipée. Mais ce n’est pas tout. Elles ont aussi réduit le poids des organisations syndicales dans les entreprises et celui des représentantEs du personnel avec la fusion des Comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) avec les comités d’entreprise (CE) et les déléguéEs du personnel. Avec les Comités sociaux et économiques (CSE), les salariéEs du secteur privé ont perdu 33 % d’éluEs. Enfin, cerise sur le gâteau, les ordonnances ont mis en place un barème d’indemnités prud’homales en cas de licenciement abusif, appelé aussi « barème Macron ». Désormais le patronat peut licencier sans fondement en sachant à l’avance ce qu’ils paieront en cas de litige. Pour la ministre du Travail de l’époque, Muriel Pénicaud, cela permettait au patronat de ne plus avoir « peur d’embaucher ». Mais dans les faits, cela a surtout permis que les salariéEs contestent de moins en moins leur licenciement. Les premières mesures de Macron avec les ordonnances de septembre 2017 ont donc été que les salariéEs soient moins bien representéEs, plus précaires et ont donné un permis de licencier aux patrons. Évidemment tout cela a été fait au nom de la lutte contre le chômage, or aucun chiffre ne permet d’étayer cela, bien au contraire. Le seul effet réel de ces ordonnances a été de précariser encore plus les salariéEs du privé. C’est aussi le sens, de la loi de la transformation publique d’août 2019 qui développe dans toute la fonction publique la contractualisation en mettant en place des contrats de mission de 1 à 6 ans maximum sans possibilité de titularisation. Mais cette loi permet aussi les départs volontaires, les détachements d’office. Bref l’arsenal juridique est désormais là pour supprimer encore plus d’emplois de fonctionnaires à statut.
Protection sociale, chômeurs… les pires ennemis du Macronisme
Au sein de notre protection sociale, c’est sans aucun doute l’assurance-chômage, les privéEs d’emplois qui ont été la cible privilégiée de ce quinquennat. Pour celui qui pense qu’il suffit de « traverser la rue » pour trouver un emploi, cela n’est pas étonnant. C’est au moment de son discours devant les parlementaires réunis en Congrès à Versailles en 2018 que les hostilités ont débuté. En effet, selon Macron : « La solidarité nationale est de plus en plus financée par l’impôt, cela conduit à repenser le fond de notre solidarité. C’est de moins en moins un droit individuel, elle implique des droits […] par la réforme que vous avez votée, l’assurance-chômage n’est plus du tout financée par les cotisations des salariés […] il n’y a donc plus un droit au chômage, mais un droit garanti par la société. » Après un tel discours, rien d’étonnant que la réforme de l’assurance chômage de Macron soit sans aucun doute une des plus violentes pour les droits des chômeurs. Malgré les deux suspensions du Conseil d’État suite aux procédures engagées par les organisations syndicales, Macron coûte que coûte a maintenu sa contre-réforme et en particulier le nouveau calcul de l’allocation chômage qui impacte les plus précaires parmi les privéEs d’emplois mais cette contre-réforme a également modifié les conditions à remplir pour avoir droit à une indemnisation. Jusque-là, il fallait avoir cotisé quatre mois au cours des 28 derniers mois. Avec la réforme il faudra avoir cotisé plus longtemps (six mois) et sur une période plus courte (24 mois). Elle introduit également la dégressivité. Cette réforme est purement idéologique avec le seul but de diviser les salariéEs entre eux en pointant les chômeurEs « généreusement » indemnisés et qui du coup ne chercheraient pas réellement de travail. Une fois encore cette contre-réforme du quinquennat précarise les plus précaires et répond aux desiderata du patronat.
Tentative d’une réforme sans précédent du système des retraites
Le dernier grand volet des objectifs de Macron pour ce quinquennat était la réforme des retraites. Le projet de loi discuté au Parlement en 2019 visait à instaurer un système par points. Toujours avec les mêmes arguments quand il s’agit de détruire nos acquis sociaux, Macron n’avait pas hésité a affirmer que la mise en place de ce système à points pour nos retraites était une mesure de justice sociale. Mais c’est sans doute Fillon en 2016 qui a été le plus clair sur l’objectif de ce système : « Le système par points, en réalité, ça permet de baisser chaque année la valeur des points et donc de diminuer le niveau des pensions ». Malgré la mobilisation interprofessionnelle la grève dans les transports et dans différents secteurs d’activité, les manifestations de masse après la mobilisation des Gilets jaunes, le gouvernement comme l’ensemble de ces contre-réformes a de nouveau voulu passer en force. C’est ainsi que le 4 mars 2020 via le fameux « 49-3 », le gouvernement a fait adopter en première lecture la loi de réforme des retraites. C’est la crise sanitaire qui obligea le 16 mars 2020 à « suspendre toutes les réformes à commencer par la réforme des retraites ». Mais derrière cette suspension, les macronistes n’ont pas du tout renoncé à leurs projets de destruction de notre système de retraites. À la veille d’une élection présidentielle d’importance, les retraites seront une nouvelle fois dans tous les programmes électoraux.
Au delà des attaques centrales contre nos acquis sociaux, le quinquennat de Macron aura été marqué aussi par des réformes fiscales permettant à ses amis les plus riches de se remplir toujours plus les poches confirmant ainsi que Macron est bel et bien le président des « ultra-riches ».
Une fiscalité qui a rapporté gros ...aux plus riches
Dès son arrivée au pouvoir, Macron a tenu une de ses promesses de campagne pour ses amis les riches, en supprimant lors du vote de la loi de finances de 2018 l’impôt de Solidarité sur la fortune et en mettant en place le prélèvement forfaitaire unique à 30 % réduisant ainsi de façon considérable l’imposition du capital et désormais tout le monde paye le même taux sur ses dividendes, plus-values de cession de valeurs mobilières, l’assurance-vie… Certes, la droite n’avait eu de cesse d’affaiblir encore plus l’ISF, par l’instauration du bouclier fiscal et d’exonérations supplémentaires et Hollande n’est que très peu revenu en arrière. Mais Macron a franchi une étape supplémentaire avec la mise en place de l’IFI.
Selon le ministère des Finances, cette baisse d’imposition du capital a profité aux 1 % les plus riches et ces deux réformes ont rapporté 1,5 million d’euros aux cent foyers les plus riches. Qui dit mieux ? Toujours avec les mêmes arguments, ces réformes devaient permettre l’investissement des plus riches dans l’économie en les libérant des impôts...le fameux ruissellement. Mais France Stratégie, organisme gouvernemental rattaché au Premier ministre, sans surprise a estimé dans un rapport récent que la suppression de l’ISF n’a pas permis l’investissement des plus riches dans l’économie. En un mot, ces deux mesures fiscales ont été des cadeaux.
Mais le volet fiscal du quinquennat Macron ne s’arrête pas là. Il a permis également aux entreprises de payer toujours moins d’impôts en baissant le taux normal de l’impôt sur les sociétés de 33,3 % à 25 %. C’est aussi la transformation du Crédit impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) en exonération de cotisations patronales. Chaque année désormais, les employeurs cessent de payer une grosse partie de ce qu’ils doivent à la Sécurité sociale. À cela s’ajoute le prolongement du Crédit Impôt Recherche (CIR), pour un montant de 10 milliards par an, la baisse des impôts de production... Bref doucement mais sûrement, Macron a également fait un « big bang » fiscal... mais toujours au service des mêmes et toujours avec le même prétexte fallacieux d’aider à la création d’emplois. Une vraie politique anticapitaliste en matière fiscale serait une politique qui privilégierait les impôts directs et la progressivité de l’impôt, taxerait réellement le capital mais aussi le patrimoine, et rendrait la fiscalité compréhensible par touTEs. À l’exact opposé, sans grande surprise, de Macron. Les politiques fiscales des dernières décennies ont renforcé le côté obscur du système fiscal actuel, et ont également accentué la dégressivité de l’impôt, l’injustice fiscale. La politique de Macron a accentué cette tendance...
Plus que jamais il y a urgence à changer de système
Le bilan de Macron est symptomatique des gouvernements qui se succèdent depuis des décennies. La même politique a été menée : celle d’enrichir toujours plus une minorité sur le dos de l’immense majorité. Il faut rompre avec cela en changeant le fonctionnement de la société. Nous devons partir des besoins sociaux et écologiques pour décider démocratiquement de ce que l’on produit et comment on produit. Les richesses sont nombreuses, elles sont le fruit de notre travail et nous devons donc les récupérer en proposant une fiscalité anticapitaliste, des mesures d’urgences sociales, démocratiques, écologistes pour répondre aux besoins sociaux du plus grand nombre. C’est le sens de notre campagne présidentielle et de la candidature de Philippe Poutou. Mais nous savons très bien qu’une victoire électorale ne suffira pas à elle seule pour que les choses changent. Car la seule façon d’obtenir des droits nouveaux, de les imposer à celles et ceux qui détiennent les rênes de l’économie c’est bien évidemment un mouvement d’ensemble pour constituer une force sociale capable d’en finir avec ce système. Dans cette campagne, nous portons la volonté de rassembler pour changer le rapport de forces, de construire une contre-offensive, une mobilisation d’ensemble du monde du travail avec des grèves de masse, des manifestations, des révoltes. Parce qu’il n’y a pas de « sauveur suprême », il faut unir les nôtres pour se battre et défendre nos droits. Nous défendons la perspective d’une rupture avec le capitalisme : construire consciemment nos luttes, nos mobilisations pour exercer notre contrôle sur l’organisation de la société, de la production, reconstruire associations, syndicats et cadres d’auto-organisation. Pour un gouvernement du monde du travail, aussi fidèle aux intérêts de notre camp que Macron, Pécresse, Zemmour et Le Pen le sont à ceux des capitalistes.
Il nous semble indispensable, et dans ce contexte, de défendre une série de mots d’ordre de rupture avec les logiques actuelles, et dans deux domaines. Le premier est celui de la défense et de l’extension du salaire socialisé, et la défense des services publics et de la répartition des richesses.
Le salaire socialisé est au cœur de notre projet émancipateur, car il considère que seul le travail produit des richesses, et que celles-ci doivent être réparties entre toutes et tous. Nous voulons revenir à la retraite à 60 ans (55 pour les travaux pénibles), mettre en place un présalaire d’autonomie pour les jeunes et augmenter tous les revenus comme les allocations chômage, adulte handicapé et minimum vieillesse. Et pour cela, augmenter les cotisations sociales, en prenant davantage au patronat et en s’appuyant sur le fait que tout le monde doit pouvoir travailler, grâce à une réduction massive du temps de travail, sans perte de salaire.
D’un autre côté, les services publics doivent permettre que celles et ceux qui ont peu puisse être aidéEs : il faut embaucher un million de personnes dans la fonction publique, dans la santé et l’éducation en particulier. Mais aussi rendre les transports gratuits, socialiser les entreprises de l’énergie et des transports, ces besoins vitaux pour la population, réquisitionner les logements vides. Pour financer de telles mesures, il y a de l’argent : Solidaires évalue les niches fiscales à 90 milliards d’euros pour les entreprises privées. De mars 2020 à octobre 2021, la fortune des milliardaires français a augmenté de 86 %. Nous voulons rétablir un impôt sur la fortune élargi à la totalité du patrimoine et taxer les revenus avec une tranche de prélèvement à 100 % à partir de cinq fois le SMIC. Par ailleurs, la simple suppression de tous les dispositifs destinés à alléger les impôts des riches rapporterait 150 milliards d’euros par an.
De l’argent, il y en a dans les poches du patronat !