Le gouvernement a donc fait le choix d’un tour de vis liberticide supplémentaire, avec notamment le prolongement de l’état d’urgence sanitaire et la généralisation du couvre-feu à 18 heures à partir de samedi 16 janvier, sur l’ensemble du territoire.
Après avoir testé cette mesure punitive depuis le 2 janvier dans 25 départements sans résultats réellement probants, le pouvoir s’enfonce dans une stratégie sans queue ni tête. Nous n’en sommes malheureusement pas surpris, tant cette nouvelle décision s’inscrit dans la continuité des précédentes, caractérisées par l’absence de toute politique sanitaire digne de ce nom et par un recours quasi-systématique à des mesures répressives pour contenir l’épidémie.
Une nouvelle normalité ?
La reconduction quasi-continue de l’état d’urgence sanitaire depuis près d’un an est l’un des symboles, aux effets malheureusement très concrets, de cette politique fondée sur le paternalisme et la répression. Cet état d’urgence n’a en effet de sanitaire que le nom, dans la mesure où il ne se traduit aucunement par des « mesures d’urgence » pour la santé, qu’il s’agisse de crédits supplémentaires pour les hôpitaux et la prévention, d’embauches de personnels soignants et plus globalement de personnels de santé pour la recherche des cas contacts et la mise en œuvre d’une véritable stratégie vaccinale.
Les restrictions des libertés et des droits démocratiques sont en revanche au cœur de la « stratégie » gouvernementale, qu’il s’agisse de la réduction des possibilités de se déplacer et de se réunir ou de l’absence de discussion et de contrôle sur les décisions du pouvoir, malgré son bilan catastrophique. On connaît en outre les effets de la pérennisation d’un état d’exception, comme ce fut le cas avec l’état d’urgence décrété suite aux attentats de novembre 2015 : la normalisation de l’exceptionnel et donc l’intégration, consciente ou inconsciente, de nouvelles normes et, littéralement, d’une nouvelle normalité.
Face au cours autoritaire, la démocratie sanitaire
Attestations de sortie, contrôles policiers renforcés, surveillance par drones, couvre-feux… Nul doute que, sous couvert d’urgence sanitaire, le pouvoir expérimente, normalise, banalise des dispositifs de contrôle toujours plus stricts. Pas de complot, mais seulement l’opportunisme d’une Macronie qui a, depuis un peu plus de trois ans et demi, largement démontré qu’elle essayait par tous les moyens, et à défaut de légitimité populaire, de juguler la contestation sociale par un recours toujours accru à la surveillance et à la répression. La volonté de normaliser des restrictions de libertés s’inscrit ainsi, quand bien même elle se ferait dans l’objectif affiché de lutter contre la pandémie, dans un cours autoritaire plus global contre lequel nous avons encore eu l’occasion de manifester samedi dernier aux quatre coins du pays.
Sortir de la fausse alternative « libertés publiques vs lutte contre la pandémie » impose de rappeler que la seule possibilité de lutter collectivement contre une épidémie comme le Covid est de refuser toute forme d’infantilisation et de (se) convaincre que les seules mesures qui sont vraiment respectées sont celles que chacunE comprend et accepte car il ou elle les a construites, est persuadé de leur justesse, et que le collectif lui donne les moyens de les respecter tout en continuant à vivre. En d’autres termes : une véritable démocratie sanitaire, où la population est correctement informée, pleinement associée aux décisions et à leur mise en œuvre, et où l’auto-organisation et les solidarités se substituent à l’autoritarisme et aux sanctions.