Les derniers dramatiques règlements de comptes ont été pour Macron l’occasion de lancer sa campagne présidentielle depuis la cité phocéenne sous le signe de « Marseille en Grand ».
En visite à la cité Bassens dans le 15e, le Président des riches en bras de chemise a rencontré le « peuple ». Et sans surprise, LA réponse magique, c’est renforcer le dispositif répressif avec 150 millions d’euros, 200 policiers et 500 caméras de surveillance de plus. En d’autres termes : la répression aveugle pour concurrencer le RN sur le terrain de l’insécurité.
Comme si l’augmentation du trafic de drogues et toutes les violences qui vont avec n’étaient qu’une affaire de truands, déconnectée du terrain social. La misère, l’exclusion, le chômage et la précarité enkystés surtout dans les quartiers nord de la ville, les générations de MarseillaiSEs qui n’ont jamais vu ou presque leurs parents avoir un travail fixe, qui n’ont jamais vécu dans des logements autres que dégradés : tout ça ne compte pas.
Quelle réponse apportée aux familles touchées par ces maux et plus encore par la mort violente d’un de leurs enfants ? Rien si ce n’est 30 éducateurs et 30 médiateurs… pour une ville de 900 000 habitantEs !
Des mots, rien que des mots…
Promis-juré, l’État va débloquer des moyens pour développer les transports (lignes de tram, bus à « haut niveau de service ») pour relier quartiers nord et sud. En réalité, une participation de 250 millions d’euros pour des projets annoncés depuis des années par la Métropole à l’horizon 2025.
Côté crise sanitaire, un allègement de 230 millions de la dette de l’AP-HM (sur près d’un milliard !), et une aide à la rénovation des hôpitaux publics dont 51% de l’équipement est vétuste.
Logement indigne ? Une aide à la rénovation de 15 000 d’entre eux sur 15 ans… La ville en compte 40 000 !
Éducation ? 25 ans de Gaudin ont laissé 175 groupes scolaires (sur 350) dans un état plus que lamentable. On avait bien avancé la somme d’1 milliard d’euros, mais c’était avant. Macron nous dit que « les milliards ne règlent pas tout » (sauf peut être pour ses amis actionnaires et banquiers !), que ces travaux « ne sont pas de la compétence de l’État », que cela va « créer un précédent »…
Alors que le Collectif des écoles de Marseille réclame, par exemple, des mesures de voirie pour sécuriser les abords des écoles, Macron répond par des caméras de vidéosurveillance !
Au total, le « milliard » annoncé n’est qu’un leurre puisqu’il ne concerne que des investissements prévus de longue date, voire des prêts.
Peu de moyens mais beaucoup de provocations
De plus, Macron a renouvelé les phrases méprisantes de Blanquer sur ces pauvres qui ne savent pas gérer leur budget et les aides de l’État. Et question écoles, le problème serait qu’il y a trop de grèves des agents municipaux. Ben voyons !
Sur ce terrain, il avait été précédé par la nouvelle municipalité « de gauche » qui en janvier a limité le droit de grève avec la complicité de FO, CGC, UNSA… et de bien des élus dont ont aurait pu attendre autre chose !
Mais Macron a LA réponse : une expérience va être menée sur 50 écoles dans lesquelles le directeur-manager recrutera lui même ses enseignantEs. Voilà une idée qu’elle est bonne ! Comment ne pas y avoir pensé avant ? Une façon comme une autre de démanteler le statut de la fonction publique, si maigre rempart au clientélisme et à la privatisation rampante.
Ne voulant pas être en reste sur la culture, Macron annonce la création de « grands studios cinématographiques de la Méditerranée ». C’est sûr, avec des décisions comme ça, on avance…
Dans un centre-ville ultra quadrillé de bleu, il est regrettable que seuls quelques syndicats (CGT AP-HM et CGT Territoriaux) aient tenté d’exprimer leur colère. Au lycée Diderot, dans les quartiers nord, la banderole revendicative posée sur les grilles a dû être enlevée sous peine de « réquisition » par la police. « Marseille en grand » est surtout priée de se faire petite.
En finir avec les politiques libérales-capitalistes nécessitera des mobilisations bien plus déterminées et une riposte intersyndicale à la hauteur. Il n’y avait finalement que Mélenchon pour s’offusquer de voir Macron faire… sa campagne présidentielle. Il fallait peut être s’y attendre, non ?