S i l’Europe a des difficultés pour se construire aux niveaux politique et économique, en revanche, sa politique sécuritaire est efficace. Institué en 2002 sous la pression du gouvernement Aznar, le mandat d’arrêt européen (MAE) porte atteinte aux droits de la défense et aux libertés individuelles. Il est dénoncé par les organisations de défense des droits de l’homme qui y voient un moyen de « museler les opposants politiques en instrumentalisant la justice » au nom de la lutte antiterroriste. Le Pays basque a le triste privilège d’être un laboratoire pour l’application du MAE. Il a déjà été appliqué à des militants originaires du Pays basque Sud (Espagne). Pour la première fois, la cour d’appel de Pau a osé élargir son application en validant le MAE délivré par un juge espagnol à l’encontre d’Aurore Martin, de nationalité française, membre de Batasuna, qui réside au Pays basque Nord (France). La Cour de cassation, saisie, devrait se prononcer avant la fin de l’année. Aurore Martin est poursuivie pour avoir participé à une réunion, un meeting et une conférence de presse de l’autre côté des Pyrénées où Batasuna est une organisation interdite, mais autorisée en France. Mesurons bien les faits pour lesquels elle risque douze ans dans les geôles espagnoles ; ils entrent dans le domaine des libertés élémentaires que sont les droits de réunion, d’expression, d’opinion. Comprenons bien, également, qu’il s’agit là d’un précédent qui ouvre la voie à l’application du MAE à toutE militantE de Batasuna qu’il ou qu’elle soit originaire d’Espagne, de France ou d’ailleurs. C’est très grave et inacceptable. Aujourd’hui les militantEs basques sont en danger, demain toutE militantE politique, syndical, associatif serait menacéE partout en Europe par l’extension du MAE, si son application était banalisée. Toutes celles et tous ceux attachéEs à la défense des libertés démocratiques sont concernéEs et doivent réagir, dans l’immédiat. Se taire, c’est laisser faire et serait lourd de conséquences possibles : la frontière entre le sécuritaire et le totalitaire est perméable, surtout en période de crise, l’histoire nous l’a montré. Et ne nous y trompons pas. Aurore Martin est condamnée pour son engagement politique. C’est une décision très politique qu’a prise la cour d’appel de Pau, une décision intervenant dans un contexte précis : la répression des États espagnol et français s’accentue et c’est une véritable provocation alors que la gauche radicale s’exprime et agit en faveur d’une résolution politique, démocratique et pacifique du conflit au Pays basque. Au fond, ce que refusent les États espagnol et français, c’est le droit à l’autodétermination du peuple basque. Et ce qu’ils répriment, ce sont les expressions politiques actives en faveur de ce droit que soutient le NPA. Nous ne pouvons accepter la répression envers des miltantEs qui défendent un droit démocratique. Cela aussi nous concerne toutes et tous, quelle que soit notre position à l’égard du droit à l’autodétermination du peuple basque. Le NPA exprime sa plus entière solidarité avec Aurore Martin, lui apporte son soutien total. Il exige l’arrêt de la procédure à son encontre et la suppression du mandat d’arrêt européen. Il appelle à la mobilisation la plus large et la plus massive pour empêcher l’extradition d’Aurore Martin. Soyons très nombreux-ses à la manifestation de Bayonne, samedi 4 décembre. Claude Larrieu
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