Ce mois-ci, deux mises en examen de directions du secteur public, la SNCF et l’hôpital de Metz, confirment malheureusement que la politique d’austérité, menée depuis des années et accentuée encore par Hollande, conduit à des accidents graves et parfois mortels.
Le 12 juillet 2013, à la gare de Brétigny-sur-Orge (91), le train inter-cités Paris Limoges déraillait, provoquant la mort de 7 personnes écrasées ou électrocutées et des blessures sérieuses à 61 autres. Nul cataclysme dit « naturel » à l’origine de ce drame, mais une catastrophe parfaitement prévisible. Tellement évitable qu’ elle a conduit à la mise en examen de la SNCF et de RFF pour « blessures et homicides involontaires ». En effet, les conclusions de l’expertise judiciaire sont sans appel : « il ne s’agit pas d’un acte de malveillance, le processus ayant abouti à la désagrégation complète de l’éclisse s’étale sur plusieurs mois, 200 anomalies ont été relevées, il s’agit donc d’une défection de la maintenance ».Pour sa part, l’expertise du CHSCT, dans un nouveau rapport rendu public ce 12 novembre, souligne « le dysfonctionnement organisationnel dû aux réductions drastiques des moyens en matériels et en personnels. Le nombre d’agents travaillant à la maintenance sur cette portion du réseau a diminué de moitié, passant de 16 en 2000 à 8 en 2012 ». Le renouvellement des voies est passé depuis 1985 à 500 kilomètres par an au lieu des 1 000 nécessaires et réalisés auparavant... Ce rapport conclut en proposant des solutions de bon sens pour que d’autres Brétigny ne se reproduisent plus : remédier au sous-effectif chronique et au déficit de formation des agents, renforcer les tournées de maintenance et augmenter la fréquence de renouvellement des matériaux.
Causes économiques, conséquences mortellesCe 1er novembre, à l’hôpital de Metz, un enfant de 11 ans est décédé au cours d’une simple ablation de l’appendice. Cela peut paraître incroyable en 2014, en France, dans un système de santé jugé encore performant. Une spirale d’erreurs humaines aurait causé ce décès : il semble que la décision d’opérer ait été hâtive, ensuite que l’aorte et le foie aient été touchés au cours de l’intervention...Ce n’est pourtant pas une simple défaillance humaine, mais bien le résultat des attaques de notre système de santé, et de leurs conséquences sur le travail de tous les personnels. Le Quotidien du médecin révèle que 43 % des praticiens hospitaliers se disent victimes de souffrance au travail. En cause la pénibilité, le stress résultant de la crainte de l’accident, les sous-effectifs provoquant l’urgence permanente. Le loi finances 2015 prévoit une augmentation du budget des hôpitaux de 2 %, alors que 4 % seraient nécessaires pour maintenir les moyens déjà notoirement insuffisants de ceux-ci...Le rapport entre ces deux drames ? Les mêmes causes provoquent les mêmes conséquences : manque de personnel, de temps, de moyens financiers, mise en œuvre de cette politique gouvernementale qui offre cadeau sur cadeau aux patrons et restriction sur restriction à tous les services publics, notre bien commun. Un point de non-retour est atteint dans cette société quand des personnes trouvent la mort en voyageant et des enfants en entrant à l’hôpital. Les manifestations des personnels de santé, en lutte contre « l’hôstérité », montre la voie. Ne les laissons pas seuls !
Roseline Vachetta