Le 29 décembre, un hommage a été rendu, à la bourse du travail de Saint-Étienne, à notre camarade Denis Rivier, décédé 10 jours plus tôt. Nous publions le texte qui a été lu, lors de cet hommage, au nom du NPA.
Je me souviens d’un café au soleil avec Denis. On avait parlé politique de manière générale bien sûr, de syndicalisme mais aussi de microélectronique et de passation entre les générations militantes autour d’histoires de résistances… Voir Denis, c’était toujours faire une rencontre. Avant chacune de ses interventions en réunion du NPA, on ne savait pas où il allait nous emmener, mais on savait toujours que le chemin serait comme lui : joyeux et illustré par son passé de militant, et l’une ou l’autre des nombreuses actions, réussies (ou non), qu’il avait pu mener ou suivre.
« Quand il y avait du monde, cela en rajoutait à sa gouaille »
On n’était pas toujours d’accord avec Denis et cela pouvait entrainer de longs débats ! Ce que certains préféraient, c’était faire le service d’ordre avec lui lors de meetings. Quand il y avait du monde, cela en rajoutait à sa gouaille. Et s’il y avait moins de monde que prévu, on lançait quand même nos histoires, histoire de se remonter le moral…
Denis était un enfant de Mai 68, qui s’est politisé avec toute sa génération. Mais à la différence de beaucoup d’autres, il est resté fidèle à ses idées toute sa vie. Fidèle à ses idées et non à un appareil, puisqu’il n’a pas hésité à changer d’organisation, en fonction de ce qui lui semblait utile : formé à l’école de la Ligue communiste révolutionnaire, il l’avait quitté avec d’autres en 1979 pour passer à l’Organisation communiste internationaliste. Rétif à la discipline que faisait régner Lambert, il avait quitté l’OCI avec Stéphane Just, avant de répondre à l’appel de la création du NPA en 2009.
C’était un militant qui accordait une grande importance à la théorie, en particulier à la philosophie. Denis était un homme à la vaste culture, plus particulièrement tourné vers la philosophie. Il avait une excellente connaissance des œuvres philosophiques de Marx et avait beaucoup lu les philosophes marxistes, en particulier les penseurs antistaliniens.
Une vie consacrée à tenter de transformer le monde
Toutefois, comme le répétait toujours Denis, la théorie marxiste, c’est une philosophie de la pratique. Il se plaisait souvent à citer Marx : « Les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde de différentes manières, ce qui importe c’est de le transformer ». Et Denis a consacré sa vie à tenter de transformer le monde, en étant de tous les combats, de toutes les luttes, de toutes les manifestations, non pas pour tenter de diriger le mouvement, mais pour s’attacher à le construire et à lui permettre d’aller le plus loin possible.
Denis connaissait le mot d’Engels et de Marx, qui expliquaient qu’ils considéraient que « le communisme est le mouvement réel qui abolit l’ordre existant ». Cette recherche du mouvement réel l’amenait à chercher le communisme dans les luttes des exploitéEs, même lorsqu’elles pouvaient surgir en dehors des cadres attendus du mouvement ouvrier. Cela l’avait amené à s’engager, parmi les tout premiers, avec un enthousiasme sans pareil, dans le mouvement des Gilets jaunes, qui a éclairé les dernières années de sa vie. Très vite il avait compris l’importance de cette lutte populaire et s’y était engagé à fond.
C’est dans les luttes du type de celle des Gilets jaunes, dans l’éruption des masses dans la rue, que Denis plaçait tout son espoir, un espoir que nous portons tous ici ; car un révolutionnaire reste vivant tant que ses idées sont d’actualité et en ce sens, Denis restera vivant dans nos luttes, qui continueront jusqu’à ce que nous parvenions à créer une société débarrassée de l’exploitation et de la domination.
Alors à bientôt camarade, on ne t’oubliera pas.