Alors que le Nord littoral voit de développer de nouveaux campements de plusieurs centaines d’habitantEs et que celui de Grande-Synthe en compte déjà plus de 3000, la préfecture du Pas-de-Calais, soutenue par l’OFPRA et le gouvernement, ont entamé depuis lundi leur offensive de démantèlement de la « jungle » de Calais.
Annoncé jeudi 8 janvier par le directeur de l’OFPRA lors d’une réunion sur la « jungle », le démantèlement a commencé. Les intentions des autorités sont claires : réduire le campement à 2 000 personnes au maximum dans une zone ultra-sécurisée, et disperser le reste des habitantEs aux quatre coins de la France dans des « centres d’accueils et d’orientation ». Celles et ceux qui refuseraient l’ultimatum et voudraient s’entêter à rejoindre la Grande Bretagne seront impitoyablement chassés et placés en centres de rétention.
à ce jour, seuls 144 migrantEs se sont portés volontaires pour intégrer l’horrible camp de concentration qu’on leur a généreusement mis à disposition. Entourés d’un haut grillage (encore un !), les 125 containers — sans eau, sans chauffage, sans toilettes, et où il sera interdit de faire de la cuisine — ne seront accessibles que par un système de détection digitale...
Un harcèlement policier permanent !
La stratégie policière en œuvre pourrait se résumer en une formule : rendre la vie impossible aux migrantEs. La semaine passée, pendant trois nuits d’affilées, CRS et gendarmes ont déversé plusieurs centaines de grenades lacrymogènes au beau milieu des tentes. Le scénario est toujours le même : des migrantEs qui tentent de rejoindre le centre ville sont provoqués par des « Calaisiens en colère », les flics repoussent les migrantEs à l’entrée du camp et arrosent celui-ci pendant plusieurs heures.
Ces exactions ont fait l’objet de plusieurs articles et reportages dans les médias locaux qui ont également dénoncé la présence devenue permanente de nervis fascistes, armés de bâtons, qui n’hésitent pas à accompagner les forces de l’ordre dans leurs actions. Ajoutons s’il en était besoin que la gendarmerie vient d’être dotée de trois blindés flambant neuf... Sans doute pour améliorer le dialogue avec les habitantEs de la jungle et leurs soutiens.
Faire grandir la mobilisation
Face à une situation qui ne fait que se dégrader, le cadre unitaire parisien regroupant de nombreuses organisations, associations, partis et syndicats, ont décidé de faire du 23 janvier une journée de mobilisation de soutien aux migrantEs à Calais. Le même jour, une grande manifestation est organisée par les antiracistes grecs à la frontière gréco-turc d’Evros. Stand up to racism au Royaume-Uni entend pour la troisième fois manifester avec nous au côté des migrantEs à Calais.
Cette journée internationale de mobilisation sera une nouvelle occasion de dénoncer l’Europe forteresse et les conditions de vie inadmissibles qui sont faites aux migrantEs et réfugiéEs.
Alain Pojolat