On s'était bien sûr croisés avant mais nous nous sommes vraiment rencontrés en 1973, devant la direction de l'usine à Fumel (47). Nous répondions tous les deux à un appel à la grève d'une heure contre le coup d'État militaire au Chili. Nous étions les seuls grévistes ; même FO, à l'origine de l'appel, n'était pas là… Depuis ce jour, Henri glissait tous les jours dans mon placard des extraits d'une revue de presse politique, juridique et sociale. Cela a duré des années, mon savoir-faire syndical et politique lui doit beaucoup.Son oncle était le maire PS de Monsempron, son cousin le député PS d'Agen. Issu du sérail PS il a rejoint la LCR à la fin des années 70, puis le NPA à sa création. Bien que « col blanc », Henri était un militant ouvrier armé d'une conscience inébranlable qui a participé à toutes les grèves, à tous les piquets, à tous les affrontements. Il était devenu en 1984, après de sévères frictions avec les staliniens, le secrétaire général du syndicat des métaux CGT de l'usine (près de 400 syndiquéEs, 80 % des voix des 3 000 salariéEs du site).Henri était antimilitariste et avait très mal encaissé son séjour forcé en Algérie, Henri était anti-raciste, Henri était féministe et collaborait avec la maison des femmes de Villeneuve-sur-Lot, Henri était internationaliste. À la retraite, Henri s'est emparé avec détermination et une incroyable compétence de centaines de dossiers de camarades en difficulté qui venaient frapper à sa porte. Nous n'avons pas souvenir de lui avoir vu perdre un procès devant les tribunaux. Henri était un homme bon, fraternel, qui aimait la classe ouvrière sans jamais désespérer de la nécessité de l'action collective. Porté en terre par ses camarades de la LCR et du NPA, entouré de sa famille et de très nombreux copains de l'usine, nous avons chanté l'Internationale et oublié pendant un moment que son absence sera cruelle. Hasta la victoria siempre !Au nom de tous ses camarades,Ignace Garay