À la Ligue on l’appelait Murcia. Bernard Lebris est décédé le 17 juin à Caen, à 76 ans. Bernard fut à l’origine d’une des rares expressions de soutien de soldats aux mobilisations de Mai 1968, au 153e RIMCA de Putzig. Par la suite, alors que la Ligue était surtout implantée en milieu étudiant et lycéen « classique » , il fut un précurseur en préconisant le militantisme au sein des CET et lycées professionnels.
Yves Salesse, leader étudiant à Caen en 1968, a connu Bernard au moment où était fondée la Jeunesse communiste révolutionnaire : « Il était l’un des responsables, et plus pour moi : une figure. Sa pensée était radicale, parce qu’était radicale son opposition au monde. »
En 1968, il fait son armée. Il crée avec d’autres, à Mutzig, un comité de soldats.
Revenu à Caen, il devient permanent de la Ligue mais il se heurte à des conflits internes au sein du mouvement. Il s’investit à fond dans une lutte ouvrière de Caron Imprimerie et aide à sortir un journal alternatif. Toute sa vie, il fera des petits boulots, y compris chez les dockers.
Il aidera sa compagne Anne Scherer dans les luttes dans le secteur social et de la Santé.
Jean-Louis Cardi, autre militant en 1968 dans la gauche du PSU, raconte : « Nous avons mené ensemble les combats du Front universitaire antifasciste dont nous avions créé à Malherbe (lycée de Caen) une section en cette fin de guerre d’Algérie où l’OAS frappait fort... C’est à cette époque qu’il m’avait confié les poèmes qu’il composait un peu dans la veine de ceux d’Aragon et d’Éluard ».
Bernard n’était plus dans une organisation mais restait abonné au journal du NPA. Il avait aussi une autre volonté : il aimait plus que tout sa Bretagne. C’est donc logiquement que son drapeau a été incinéré en même temps que son cercueil.
Jean-Louis Cardi conclut : « Il restera à mes yeux un exemple de fidélité au sens qu’il donnait à sa vie et à la vie et, s’il est parti, il n’a pas disparu. Il restera dans ma mémoire comme un personnage marquant, attachant, et finalement unique. »