Toujours plus pressée par les effets délétères de turpitudes étalées dans les médias et devenues insupportables à des masses légitimement écœurées, les lois successives sur le financement politique depuis 1988 puis, plus récemment, les lois sur la (trop bien nommée) « moralisation de la vie publique » s’imposent contradictoirement à la bourgeoisie de manière accélérée depuis 30 ans.
On se perdrait ici à citer et analyser tous les scandales politico-financiers dans leur diversité. Le plus important est plutôt d’y voir leur cohérence systémique quant à leur signification politique et sociale dans une évolution lourde de sens. De même pour les réponses qui y sont apportées (ou pas).
Depuis l’affaire URBA qui avait provoqué la première loi sur le financement politique, la litanie des scandales se fait de plus en plus frénétique. Plus récemment, du monumental montage de l’affaire Bygmalion à l’invraisemblable cupidité népotique des époux Fillon, en passant par le cynique aplomb du fraudeur Cahuzac, les pratiques systématiques du FN à tous les scrutins depuis 2011, mais aussi la stupéfiante « phobie administrative » de Thomas Thévenoux, on peut même dire que la séquence du dernier quinquennat propose un édifiant concentré de déchets dont la puanteur a fait franchir un cap au dégoût. Et cela ne va pas sans effets de toutes sortes.
Tout fait système...
Passons d’abord sur l’évidence que toutes ces lois ne s’attaquent pas aux racines politiques et sociales du mal. Plus encore, aspect dominant de la contradiction, elles ont même tendance à l’accentuer, puisque ce qui était plus ou moins toléré fait irruption sur la place publique et devant les tribunaux, révélant le vrai visage d’un système qui se décrédibilise d’autant qu’il essaye de s’ablater une tumeur congénitale qui n’en finit pas de resurgir ailleurs, toujours plus maligne, dans un retour du refoulé des pratiques de classe. De la conjuration...
Certes, reconnaissons, aspect dominé de la contradiction, que cette sédimentation législative entrave, contient et fait tout de même reculer (à petits pas) certaines pratiques délictueuses, empêchant de verser dans le délire d’un système à l’américaine (versant financement politique), et s’attaquant à ce que l’on nommera par simplicité « la corruption » (versant « moralisation de la vie publique »). Mais disons immédiatement, puisque conçus et votés par ceux-là mêmes qu’elles visent, que ces dispositifs ont des limites et points aveugles plus ou moins bien calculés pour ménager leur contournement, en attendant l’inévitable tour de vis suivant. De la conjuration...
Derrière la probité affirmée, le recul démocratique...
Disons enfin, et c’est notre objet immédiat, que toute cette machinerie produit des effets (in)directs et (in)volontaires sur les petites formations, surtout quand elles sont des ennemis de l’État. En clair, si cela devait encore être démontré, des lois présentées comme des avancées peuvent contenir des coups bas enrobés de probité. Et dans le cadre d’une large dynamique de recul démocratique comme pendant indispensable du recul social, la « moralisation » de la vie publique et du financement politique se fait le vecteur contradictoire de sa confiscation.
Pour preuve le dernier projet de loi présenté par le député René Dozière, dont Macron et son allié Bayrou ont fait un étendard qu’il leur faut planter au plus vite en haut de leur petite colline déjà croulante (affaire Ferrand...). De la conjuration...
Nous tenterons la semaine prochaine de décrypter les coups bas politiques et financiers que contient ledit projet de loi. En attendant, pas d’abus de confiance, pas de détournement de fonds, pas de corruption, pas de financement occulte : le NPA a besoin de vous et ne s’en cache pas. Donnez !
Sylvain Madison