La COP26 devait se tenir fin 2020. Repoussée pour cause de pandémie, elle aura lieu fin novembre 2021 à Glasgow.
À en croire les discours officiels, cette conférence s’annoncerait sous les meilleurs auspices. Les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre – États-Unis, Union européenne et Chine – se déclarent tous d’accord pour viser la neutralité carbone, en 2050 pour les deux premiers, et en 2060 pour la Chine. On n’en finirait pas d’aligner les bonnes nouvelles : Joe Biden signe le retour des États-Unis dans l’accord de Paris, Xi Jinping déclare que la Chine va commencer à faire baisser les émissions de CO2 avant 2030, l’Union européenne va relever de 40 % à 55 % son objectif de réduction en 2030… Le changement de ton est notable après les échecs de la COP24 à Katowice et de la COP25 à Madrid, bloquées par les gouvernements climato-négationnistes étatsuniens, chinois, brésilien, australien, saoudien…
Au-delà des belles déclarations
Une belle unanimité, ou presque, se fait pour appeler les États à « revoir à la hausse leurs ambitions » à l’occasion de la COP26. Impossible effectivement d’ignorer le gouffre qui existe entre, d’une part, l’objectif fixé lors de la COP21 en 2015 à Paris de « maintenir le réchauffement bien au-dessous de 2 °C tout en continuant les efforts pour ne pas dépasser 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle » et, d’autre part, les engagements actuels des États qui conduisent à un réchauffement de 3,3 °C d’ici la fin du siècle.
Mais derrière les belles déclarations, se cachent toujours le cynisme des capitalistes et des gouvernements à leur service et l’absence de toute décision réelle et radicale pour sortir des énergies fossiles.
Selon le GIEC, le scénario qui donne 50 % de chances de maintenir le réchauffement sous les 1,5 °C sans BECCS (bioénergie avec capture-séquestration du CO2) exige une baisse des émissions nettes dans le monde de 58 % en 2030 par rapport à 2010, ce qui signifie au minimum une réduction de 65 % dans l’Union européenne – soit 10 points de plus que l’objectif de 55 % que l’UE est si fière d’afficher – et plus importante encore aux États-Unis.
Basculements irréversibles
La neutralité carbone en 2050 est une fausse bonne nouvelle, une arnaque impérialiste et périlleuse. Elle fait la part belle à toute sortes de fausses solutions dangereuses : du nucléaire, présenté comme énergie « décarbonée », à la géo-ingénierie. Elle mise sur les technologies dites à émissions négatives comme la capture-séquestration du CO2, prétendant retirer du carbone de l’air, pour mieux continuer à en émettre en poursuivant l’exploitation des énergies fossiles. Elle dissimule aussi le déploiement d’un néocolonialisme vert qui tourne le dos à la reconnaissance des responsabilités communes au travers de différents mécanismes de compensation qui accaparent forêts et autres ressources naturelles, au détriment des pays du Sud et de leurs peuples. Tout miser sur 2050, c’est refuser d’agir dès maintenant, c’est décider délibérément de laisser les gaz à effet de serre s’accumuler et réchauffer le climat. Pire, cette échéance éloignée laisse d’ici là la porte ouverte à un « dépassement temporaire » des 1,5 °C, compensé par un plus qu’hypothétique refroidissement. Quand bien même ce refroidissement serait possible, ce qui est loin d’être garanti tant les méthodes envisagées sont hasardeuses, un tel pari fait fi des basculements irréversibles qui risquent d’être causés par le dépassement temporaire. Le GIEC situe par exemple le point de bascule de la calotte glaciaire du Groenland entre 1,5 et 2 °C, si celui-ci est franchi aucun refroidissement à posteriori ne permettra de revenir en arrière.
« La solution ne peut venir que des luttes des peuples »
Le blocage explicite des climato-négationnistes perd du terrain. Il s’agit désormais moins de nier le changement climatique et ses dangers que de prétendre le combattre tout en continuant le pillage et la destruction capitaliste. Les conférences et autres négociations internationales restent préemptées par les grands groupes financiers et industriels et dominées par les impératifs capitalistes et impérialistes. On ne peut en attendre ni l’adoption de mesures à la hauteur de l’urgence ni le respect de la justice sociale et climatique à l’égard des pays du Sud et de leurs peuples. Comme le disait Greta Thumberg lors de la COP25 en 2019 : « La solution ne viendra pas de ces négociations, elle ne peut venir que des luttes des peuples ».
La COP26 doit être l’occasion de défier les dirigeants, de les discréditer en mettant à nu leurs mensonges, de les déstabiliser politiquement par la puissance de nos mobilisations.