Notre-Dame-des-Landes avait déjà démontré la force et la pertinence de l’articulation de multiples formes d’opposition au projet d’aéroport.
Des plus institutionnelles, comme les nombreux recours juridiques et administratifs, aux plus « physiques » comme la résistance à l’opération César, cimentées par l’occupation active permettant la concrétisation de modes de vie, de travail, d’organisation non-capitalistes et autogérés, ces différentes formes d’opposition s’appuyaient sur une mobilisation de masse et une large unité tant politique que de secteurs très différents.
S’inspirant de cette expérience, les Soulèvement de la Terre (SdlT) ont permis à différentes luttes contre des grands projets inutiles imposés de se fédérer et de donner à leurs objectifs une dimension politique nationale. C’est ce que le gouvernement ne pardonne pas au mouvement.
Se battre pour la vie, la biodiversité
Le refus d’un projet destructeur, imposé aux habitantEs par l’État et les capitalistes qui en tirent profit est à l’origine de la plupart de ces luttes, mais au-delà, on se bat pour l’eau, la forêt, la terre, le bocage, la montagne ou le marais… Il y a donc à la fois un objectif concret qui apparaît comme accessible et une grande légitimité puisée dans la conviction de se battre pour la vie, le beau, la biodiversité, le climat… Au passage, on ne peut qu’admirer la capacité des SdlT à incarner cette dimension dans des images, des symboles, des créations artistiques souvent très belles.
Plus généralement, pour gagner, nous avons toutEs intérêt à mettre en avant ce qui dans nos mobilisations participe d’un combat global émancipateur : c’est le cas par exemple quand les salariéEs des transports, de la santé, de l’éducation… lient la défense de leurs conditions de travail à celle d’un service public réellement au service du public en tissant des liens avec les usagerEs… Au-delà, c’est la question de l’unité, non seulement des organisations, certes indispensable, mais plus largement d’une unité anticapitaliste contre un ennemi commun et aussi pour un but commun.
Radicalité et démocratie
Aujourd’hui, il est de plus en plus clair que c’est le gouvernement qui, par le dispositif policier qu’il met en place, détermine le niveau des affrontements. On a bien vu le changement de stratégie de « maintien de l’ordre » autour des manifestations retraites.
À Sainte-Soline, c’est bien le déploiement policier et militaire pour protéger un trou vide qui est à l’origine des affrontements et des blessures graves. Cependant, dans le cours d’un mouvement, il est nécessaire de discuter du niveau de radicalité des actions le mieux adapté à l’objectif et au moment : occupation ? reprise de la production ? désarmement des installations ?
Définir des « consensus d’action » entre des groupes qui vont assumer des niveaux différents d’affrontement, prévoir l’autoprotection, la prise en charge des personnes blessées et choquées, prévenir les violences sexistes et sexuelles… autant de pratiques qui peuvent inspirer bien des mobilisations…
L’auto-organisation et la démocratie par en bas sont des conditions incontournables pour expérimenter et avancer ensemble. Raison pour laquelle, pour nous, l’auto-émancipation est à la fois un projet de société et une stratégie pour renverser l’ordre établi.