Publié le Mercredi 4 janvier 2023 à 11h41.

Face au péril climatique, une nouvelle génération de militant·e·s

Selon le rapport de l’Organisation météorologique mondiale, les catastrophes liées au climat en 2022 ont touché des millions de personnes.

L’impact du changement climatique s’est intensifié : vagues de chaleur record observées en Chine, en Europe et en Amérique, inondations d’un tiers du Pakistan entraînant 1 700 morts et 7,9 millions de personnes déplacées, sécheresse dans la Corne de l’Afrique (Éthiopie, Kenya, Somalie) qui a dévasté ­l’agriculture et décimé le bétail.

L’année des records

785 000 hectares ont brûlé en Europe, plus du double de la moyenne annuelle au cours de la période 2006-2021. En France, on peut égrener les records : année la plus chaude jamais enregistrée, été le plus chaud depuis 2003, mois de juillet le plus sec depuis 1959. Pour la première fois, 93 départements ont connu des restrictions d’eau cet été, 20 sont encore aujourd’hui en alerte sécheresse.

La spectaculaire baisse du niveau des fleuves, des lacs, la fonte des glaciers, les violents orages, images d’une cruelle réalité qui constituera désormais la norme, auront-elles contribué à un électro­choc dans la population ? Face à ces menaces, les gouvernements, les grandes entreprises poursuivent leurs affaires...

Une nouvelle génération d’activistes, aiguillonnée par l’urgence face à cette inaction, lassée des pétitions, des marches pour le climat qui marquent le pas, des ONG adeptes du lobbying dans les ministères ou autres commissions européennes, s’engage différemment.

Ils sont militantEs de Dernière Rénovation et alertent en bloquant le périphérique, sur l’impératif de rénover les cinq millions de passoires thermiques, lanceurs de soupe sur les œuvres d’art ou scientifiques en rébellion. Souvent primo-militants, leurs témoignages révèlent une volonté d’agir avec des objectifs dits « atteignables » : organiser des actions légères, médiatisées, avec l’ambition de créer un mouvement social. Formés à la désobéissance civile, les militantEs sont prêts à passer la nuit en garde à vue et à aller au procès.

Mobilisation emblématiques des mégabassines

Cette résistance de terrain est une bonne nouvelle, après les paralysantes années Covid. Gageons qu’elle constitue un moteur pour d’autres mouvements de contestation à venir. Très organisés et plus politisés, les militantEs qui ont saboté l’usine du cimentier Lafarge, multinationale mise en examen pour complicité de crime contre l’humanité en Syrie aux activités extrêmement polluantes, revendiquent des positions ­clairement anticapitalistes.

La mobilisation emblématique contre les mégabassines dans les Deux-Sèvres, portée par les Soulèvements de la terre, à la fois festive et radicale, a réuni près de 7 000 personnes à l’appel de 150 organisations. L’interdiction, puis la criminalisation de la manifestation (avec la qualification d’écoterrorisme), à la suite des heurts avec police, sont la preuve de son succès.

La privatisation de la ressource en eau, qui va de pair avec l’accaparement de la terre au profit de quelques agriculteurs, apparaît particulièrement scandaleuse, et constitue un symbole du blocage vers une transition agro-­écologique pourtant vitale.

Les mobilisations pour la défense et le partage de l’eau, et en soutien aux militantEs réprimés se poursuivront en 2023.