Face à la gravité et à l’extrême urgence de la situation, envisager la mobilisation comme une simple manifestation pour « peser sur les négociations » et « se faire entendre des gouvernants » ou, autre version, « dénoncer l’impasse et des dangers du capitalisme » et « témoigner de la radicalité et de la justesse de nos réponses » ne serait pas à la hauteur.
Le week-end des 28-29 novembre, nous commencerons par réussir les « marches pour le climat » ou « marches pour la justice climatique » qui se tiendront dans les différentes capitales du monde et dans les villes françaises : Rennes, Lyon, Chambéry, Rouen, Limoges, Caen... le samedi 28, et Paris, Lille, Strasbourg, Marseille, Bordeaux... le dimanche 29.
Montrer notre force et notre détermination
Certains des organisateurs s’accrochent, avec plus ou moins d’illusions, à l’idée de faire pression sur la conférence avant son ouverture. C’est une marque de fabrique de la Coalition climat qui s’est mise en place pour coordonner les mobilisations que de chercher à réunir toutes les forces, des ONG environnementalistes aux syndicats, des groupes de foi aux organisations syndicales, des associations de solidarité internationale aux altermondialistes, féministes et scientifiques, Alternatiba, celles et ceux qui combattent le nucléaire, les gaz de schiste et les différents projets destructeurs à Bure ou à Notre-Dame-des-Landes (qui organisent un convoi des luttes de territoire arrivant le 28 à Paris)... Sous la pression des syndicats, les partis ne sont pas en tant que tels membres de la coalition. Cela n’empêchera pas les anticapitalistes de mobiliser, de se mobiliser et d’être massivement présents.
L’ ébullition militante se poursuivra pendant les deux semaines qui suivront ce premier week-end. Les 5 et 6 décembre, à Montreuil (93), le Sommet citoyen pour le climat rassemblera le Climat Forum : conférences, débats, expositions, Village mondial des alternatives, ainsi qu’un Marché paysan organisé par la Confédération paysanne.
Puis du 7 au 11 décembre, la Zone d’action pour le climat occupera le Centquatre (5 rue Curial, Paris 19e), un lieu ouvert d’information, avec aussi une AG quotidienne pour préparer des actions concrètes....
Enfin le 12 décembre, l’ambition est d’organiser la plus grande action de masse pour la justice climatique à Paris, une mobilisation nationale et internationale avec des participations collectives et unitaires en provenances des régions et pays. Différentes formes d’action sont prévues pour permettre à toutes les forces d’y trouver leur place : rassemblement de masse à partir de 12 heures et actions dites de « désobéissance civile », avec en particulier la perspective d’encercler le Bourget (93) au moment où s’y clôturera la COP.
Le jour d’après
Que l’on ait mis ou non des espoirs dans la COP, au-delà du slogan « retrouvons-nous pour avoir le dernier mot ! », l’enjeu sera de poser les jalons d’un mouvement de masse durable pour la justice climatique. Pas question de se retrouver, comme après Copenhague en 2009, écrasés par la déception. Notre référence est plutôt Seattle, le 30 novembre 1999, l’acte de naissance du mouvement altermondialiste.
Le défi est de construire un mouvement international, radical et unitaire, de faire converger les résistances aux projets inutiles, destructeurs, extractivistes et les alternatives créatrices ; de réussir une véritable conversion du mouvement social et syndical vers une radicalité à la fois sociale et écologique.
Face à la crise globale, à l’impasse historique du capitalisme, les anticapitalistes sont mis au défi d’avancer un projet de société non productiviste, rompant avec le système, alliant émancipation sociale et réparation des dégâts écologiques. Ils sont aussi mis au défi de développer des pratiques, des revendications, et des formes d’organisation permettant de le mettre en œuvre.