Entretien. Depuis fin décembre, les agentEs qui travaillent dans les postes d’aiguillage de la région parisienne ont entamé des grèves. Nous avons interrogé l’un des grévistes, du réseau de Paris-Est.
Vous êtes en grève au sujet des conditions de travail. Quel a été le déclencheur ?
La forte augmentation des travaux sur le réseau a alourdi la charge de travail dans les postes d’aiguillage pendant les services de nuit. Face à cela, la direction a essayé de remettre en cause (cet été) certains barèmes (charge de travail plafonnée) obtenus quelques années plutôt, déjà grâce à notre mobilisation ! Cette remise en cause fragilisait la sécurité des collègues travaillant sur les voies dont nous assurons la protection. Nous avons donc fait grève pour trois raisons principales : le maintien des barèmes, permettant de limiter la charge de travail la nuit, la reconnaissance financière des efforts effectués par les aiguilleurEs pour mener à bien ces travaux et enfin la revalorisation du travail de nuit. Nous avons obtenu gain de cause sur les deux premiers points. Mais concernant le travail de nuit, la direction a botté en touche. Ce qui nous a amenés à nous mobiliser à nouveau, sous la forme d’une heure de grève par service complétée par des journées de grève.
En janvier, les aiguilleurEs du réseau de Paris-Austerlitz et Paris-Montparnasse ont eux aussi démarré un mouvement. Sur des revendications différentes ? Comment s’est faite la jonction ?
Nous étions conscients qu’il fallait taper plus fort que cet été. Notre première préoccupation a donc été d’élargir notre grève. À d’autres postes d’aiguillage, tout d’abord sur Paris-Est puis sur l’ensemble de l’Île-de-France, et enfin du territoire. Nous sommes donc entrés en contact avec des collègues d’autres secteurs de la région parisienne, et notamment les copines et copains déjà mobilisés, de Paris-Austerlitz, de Paris-Nord, ou encore de Versailles et Trappes. Les contacts politiques et syndicaux ont aidé à ce rapprochement. Après quelques échanges, les grévistes des différentes régions ont pris conscience que pour gagner, il fallait agir ensemble et simultanément.
Le 15 février à votre initiative et avec le soutien des organisations syndicales, l’ensemble des aiguilleurs de la région parisienne étaient appelés à la grève. Que vous a permis cette journée dans la construction de votre mouvement ?
Cette journée du 15 février à été l’occasion de confirmer à la direction notre détermination mais aussi notre capacité à nous coordonner. Le message est passé et la direction du métier circulation d’Île-de-France a été dans l’obligation de nous recevoir. Après les AG, on a organisé un rassemblement devant la direction, qui a été une réussite, malgré l’organisation d’un second rassemblement voulu par des dirigeants de la CGT de Paris-Rive-Gauche jouant la carte de la division. Puis, une vingtaine de grévistes de différentes gares se sont retrouvés pour discuter d’un tract commun afin de populariser notre grève et d’interpeller l’ensemble des agentEs circulation de toutes les régions.
Aujourd’hui, nous continuons évidemment notre mobilisation sur nos revendications : revalorisation du travail de nuit, augmentation des salaires et embauches, et nous souhaitons continuer à élargir le mouvement et coordonner le plus grand nombre de postes d’aiguillage partout en France. Lutte qui va bien entendu s’articuler avec les autres combats qui sont devant nous.
La SNCF se sent pousser des ailes
Pour voler son monde, le modèle aérien est présent dans la tête de pas mal de dirigeants : Louis Gallois, l’ancien PDG de la SNCF, est parti un temps à Airbus ; Florence Parly a travaillé à Air France avant de venir à la SNCF (pour 52 569 euros par mois) puis de rejoindre le gouvernement ; Spinetta est l’ancien dirigeant d’Air-France-KLM.
Le « Yield Management » (faire jouer l’offre et la demande pour le prix des billets), venu du ciel, est appliqué aujourd’hui sur le rail. Et, en bon Monsieur Plus, Spinetta rappelle dans son rapport qu’il existe encore trop de contraintes dans le prix des billets. Notamment un prix maximum pour les billets de seconde classe, dont il voudrait s’affranchir parce qu’il serait « incongru dans un système de concurrence ». Objectif : faire s’envoler les recettes de 200 millions d’euros par an en augmentant les prix des billets.
AJ