Les annonces de suppressions d’emplois se sont multipliées en ce printemps dans l’automobile, dans le prolongement de la chute des effectifs salariés depuis plus de 20 ans. Elle accompagne la baisse de la production en France alors que, sur la même période, les ventes ont tendance à rester stables et que le nombre des véhicules en circulation ne cesse d’augmenter. La France et l’Italie sont les deux seuls pays industrialisés où des telles chutes de la production et des effectifs sont observés.
Baisse de la production et chute des effectifs tiennent d’abord à la politique des firmes Renault et PSA devenues Stellantis, visant à réorganiser leur appareil de production dans l’ensemble d’un continent européen élargi au Maroc et à la Turquie. Cela a été d’abord le choix de Renault sous la houlette de Carlos Ghosn, PSA rattrapant son concurrent en terme d’internationalisation de la production. En 20 ans les effectifs salariés de PSA et Renault ont été réduits de moitié, passant de 200 000 à moins de 100 000.
Suppressions d’emplois chez Renault et PSA
Chez Renault, un plan de suppression de 15 000 emplois dans le monde, dont 4 600 en France, est en cours d’application. La fermeture de l’usine de Choisy a été actée. La Fonderie de Bretagne, filiale de Renault, est mise en vente, ce qui suscite une grève tenant depuis plusieurs semaines. L’usine de Flins, qui occupe encore 2 500 ouvriers affectés à la fabrication de la voiture électrique Zoé, est sous une pression accrue depuis l’annonce d’une nouvelle entité Electricity rassemblant 6 000 emplois en activité sur trois sites Renault du Nord.
Les suppressions de 4 600 emplois visent maintenant l’ingénierie dans les trois sites de Guyancourt, Lardy et Aubevoye. Des ripostes s’organisent, dépassant le cadre de chaque établissement, pour œuvrer dans la pratique à une première convergence des luttes. Des rassemblements de plusieurs centaines de salariéEs se sont ainsi tenus devant plusieurs de ces sites. C’est un chemin à suivre.
Parmi les sous-traitants, c’est tout le secteur des fonderies qui est en cours de liquidation : restructurations avec des faillites qui se multiplient, l’attente hypothétique de repreneurs comme à la SAM de Decazeville ou les fonderies MBF à Saint-Claude dans le Jura.
PSA pouvait apparaître dans ces toutes dernières années moins brutal que Renault, comme si la fermeture de l’usine d’Aulnay avait permis en son temps la purge nécessaire. La récente fusion avec Fiat change la donne et l’une des premières mesures post-fusion est le déplacement en Hongrie de la fabrication d’un moteur jusqu’ici réalisée à Douvrin.
Des résistances
La liste des suppressions d’emplois s’allonge tant chez les firmes automobiles que chez leurs sous-traitants dans un contexte où il n’y aura pas de reprise de l’activité.
Ces dernières années ont vu une longue dégradation du rapport des forces. Tout se passe comme si les directions syndicales avaient pris leur parti de cette situation. Cela est vrai pour les syndicats qui se sont adaptés à la crise et aux diktats patronaux. Cela est aussi le cas, sous des formes différentes, de la fédération de la métallurgie CGT qui ne propose que des semblants de convergence et reprend depuis plusieurs années les mêmes thèmes sans portée mobilisatrice d’une nouvelle politique industrielle censée répondre aux revendications.
Soyons lucides : la grève à la Fonderie de Bretagne de Caudan comme le mouvement en cours parmi l’ingénierie Renault ne gagneront pas à tout coup. Il n’est de pire défaite que celles qui interviennent sans lutter. En ce sens la solidarité avec les secteurs aujourd’hui en lutte dans l’automobile est l’affaire de toutes et tous.