Publié le Samedi 22 octobre 2022 à 19h00.

Le démembrement en cours de Renault

La date est fixée : le 8 novembre prochain, Renault annoncera dans une journée organisée à l’intention des investisseurs financiers, la division de l’entreprise en deux entités.

L’une baptisée « Ampère » avec l’ensemble des activités électriques et l’autre « Horse » pour les activités thermiques. Ce projet préparé depuis plusieurs mois a été progressivement détaillé par des informations fournies aux agences et journaux financiers. Pas de surprises pour eux !

Horse pour thermique

Cette entité « thermique » n’aura pas d’activités de production en France, celles-ci passant sous la responsabilité des entités basées en Espagne et en Roumanie. Le groupe chinois Geely à hauteur possible de 40 % et Aramco — le « bras armé » de l’Arabie saoudite, sa compagnie nationale pétrolière — à hauteur de 20 % vont entrer au capital d’une société où Renault serait donc minoritaire.

La liquidation des fonderies en France qui s’est poursuivie tout au long de l’année s’explique par la préparation de ce projet visant à confier aux entreprises situées en Espagne et en Roumanie toutes les activités relevant de la mécanique traditionnelle.

Le désengagement de l’activité de production d’automobiles en France avait été le grand œuvre de Carlos Ghosn, cela se prolonge dans le domaine des études. 750 postes d’ingénieurs et cadres, soit le tiers des effectifs, ont été supprimés au centre Renault de Lardy depuis l’arrivée du directeur général Luca de Meo. Quant au fleuron de Renault, le Technocentre de Guyancourt, le quart des 400 000 m² de surface aujourd’hui occupés vont être cédés d’ici à 2024.

Ampère pour électrique

Renault a, en fait, décidé de se concentrer sur la production de voitures électriques et, au travers de cette société au nom de code Ampère, veut complètement bouleverser l’organisation de la force de travail et ses droits sociaux conquis depuis des décennies. La direction annonce que le pôle électrique Ampère serait au cœur de Renault avec des équipes compactes de 10 000 personnes spécialisées.

Les salariéEs de Renault qui travaillent dans les activités électriques autour de Douai appartiennent déjà à une filiale à 100 % de Renault, ElectriCity, sans les mêmes conventions collectives. L’entité « électrique » deviendra donc une société indépendante cotée en bourse pour bénéficier de l’engouement des boursicoteurs. La référence en la matière est la firme Tesla à la capitalisation boursière approchant à la mi-août les 900 milliards de dollars (contre, à titre de comparaison, 46 milliards d’euros pour Stellantis et 3 ­milliards d’euros pour Renault).

Dans cette entité électrique en préparation, l’arrivée de Nissan est maintenant annoncée, ouvrant une nouvelle phase d’une alliance dont le dernier grand événement avait été l’emprisonnement du PDG multimarques Carlos Ghosn. Témoignage de la détérioration du rapport de forces entre Renault et Nissan au vu de leurs chiffres de production et de vente respectifs, Renault accepterait de baisser sa participation au capital de Nissan de 43 à 15 %. Cela serait accepter une demande exprimée de longue date par Nissan mais cela signifierait récupérer pour Renault 4,6 milliards d’euros cash. Ce n’est pas à négliger lorsque le but est d’attirer de nouveaux capitaux.

« Plutôt que nous faire partir, Renault doit nous reconvertir »

Ce meccano auquel participe aujourd’hui Renault fait suite à la fusion PSA-Fiat-Chrysler. Les travailleurEs n’y sont que des pions interchangeables et licenciables. Mais en voulant casser l’organisation actuelle de la force de travail et briser les droits qui en découlent, le démembrement en cours de Renault fait très fort.

« Plutôt que nous faire partir, Renault doit nous reconvertir » l’exigence du syndicat CGT du centre de Lardy de Renault doit être celle de tout Renault !