Publié le Vendredi 11 septembre 2009 à 15h33.

NPArguments pour : nos emplois, pas leurs profits ! 

Depuis un an, la violence patronale s’abat sur les salariés: fermetures d’entreprise par centaines, licenciements, précarité et chômage partiel, non remplacement des départs en retraite.

Et l’Etat employeur fait la même chose dans le secteur public. Les capitalistes font payer leur crise aux salariés. Aujourd’hui l’emploi n’est qu’une ligne dans les comptes de résultatdes entreprises.

Pourtant, avoir un emploi et un salaire est indispensable pour assurer nos besoins, garantir notre santé, notre logement, notre retraite. Il n’est pas acceptable de vivre dans une société où ce besoin élémentaire soit soumis aux fluctuations de la Bourse et surtout au calcul des profits de quelques milliardaires.

Nous devons faire du droit à l’emploi une question politique, un choix de société. Nous devons imposer le droit de chacun d’avoir un emploi stable et bien rémunéré, sinon aucun des autres droits politiques et sociaux n’a de réelle valeur. Les dirigeants politiques, de droite comme de gauche, font de grandes déclarations sur la défense de l’emploi, contre les patrons voyous, mais ne veulent pas remettre en cause la règle sacro-sainte du capitalisme qui dit que le patron est maître de son entreprise et donc de l’emploi de ceux et celles qui y travaillent. Nos aînés, par les grèves et les mobilisations, ont imposé le droit à la Sécurité sociale, aux congés payés, à la retraite… des conquêtes qui semblaient inaccessibles il y a un siècle. Aujourd’hui, nous pouvons, par les mêmes moyens, imposer le droit à l’emploi!

Interdire les licenciements

Il faut interdire les licenciements, tous les licenciements mais pas boîte par boîte, dos au mur. Non, les interdire totalement en enlevant aux patrons le droit exorbitant d’avoir pouvoir de vie ou de mort sociale. Les emplois doivent cesser d’être une variable d’ajustement pour le maintien des profits. Le statut des salariés des entreprises privées doit être refondé. Le droit de licenciement doit être supprimé. En cas de diminution de la production, le temps de travail doit être réduit sans perte de salaire; en cas de modification de la production, l’entreprise, le groupe, la branche doivent être responsables de la continuité de l’emploi du salarié, en assurant son salaire, la poursuite de sa carrière et de sa formation. Il faut reporter la responsabilité totale d’une suppression de poste du salarié sur le patronat qui se décharge de ses responsabilités. Un fond de financement mutualisé, financé par le patronat, doit, dans tous les cas, permettre le maintien des salaires par-delà les aléas de telle ou telle entreprise. Quand un emploi est supprimé dans une maison mère de l’automobile, par exemple, de nombreux autres sont supprimés silencieusement dans les filiales et la sous-traitance. Il faut instaurer une responsabilité pleine et entière des emplois du secteur par les donneurs d’ordre, par l’entité patronale collective.

Travailler moins pour travailler tous

Le chômage partiel ou total, la précarité et le temps partiel explosent mais les patrons et le gouvernement n’ont qu'une obsession: nous faire travailler plus, la nuit, le dimanche et les jours fériés, faire des heures supplémentaires, repousser l’âge de la retraite, travailler pendant les arrêts maladie ou les congés de maternité. Cela semble dingue, pourtant il y a bien une logique commune à toutes ces attaques : revenir sur tous les acquis des luttes ouvrières qui ont réussi à imposer des limites à l’exploitation sans borne dont rêvent les patrons. A l’opposé, la règle doit être l’interdiction du travail de nuit ou le dimanche et les exceptions ne doivent concerner que les besoins vitaux.

Les salariés ne sont pas la variable d’ajustement. L’emploi est un droit qui doit être garanti à toutes et tous. Il faut donc ajuster la durée hebdomadaire à l’emploi et pas l’emploi aux profits.

Mécaniquement, une réduction du temps de travail pour toutes et tous à 32 heures, c’est 11 % d’emplois en plus, de quoi en finir immédiatement avec le chômage. La réalité est plus complexe, mais c’est le choix de société qui doit être fait, le choix de travailler toutes et tous, afin de dégager du temps pour vivre. Le chômage ne profite qu’aux patrons qui s’en servent comme moyen de chantage.

Il faut réduire immédiatement la durée hebdomadaire du travail à 32 heures, avec embauches correspondantes et sans perte de salaire. La durée du travail doit être effective et contrôlée, le forfait jour aboli. Les cadences doivent être réduites. Si cette réduction n’est pas suffisante, il faut la poursuivre jusqu’à la disparition du chômage.

Un seul contrat de travail: le CDI à temps plein

Les patrons et les gouvernements successifs ont encouragé les emplois précaires et à temps partiel. Ils signifient par définition statut précaire, salaire partiel, retraite partielle. En France, le taux d’emploi précaire a plus que doublé entre 1983 et 2008, passant de 5,4 à 13 %, soit plus de 2,8 millions de salariés en contrats à durée déterminée, intérimaires, stagiaires. L’Etat employeur ne montre pas l’exemple puisqu’en 2007, un salarié sur trois en CDD était dans le secteur public! Les chiffres globaux rendent mal compte de la réalité, car la précarité est très inégalement répartie, elle frappe prioritairement les jeunes, les femmes, les travailleurs et travailleuses d’origine étrangère… que dire quand on est les trois à la fois!

Pour le NPA, la précarité, sous ses différentes formes, doit être interdite. Tous les contrats précaires doivent être convertis en emplois statutaires ou en CDI. Les temps partiels doivent être convertis en temps plein sur simple demande des salariés concernés. L’intérim n’a aucune utilité sociale mais représente une source de profits énormes sur le dos des salariés, elle doit être interdite tout comme les différentes officines privées de placement, pour que soit créé un véritable service public de l’emploi.

Vivre, pas survivre

Le Revenu de solidarité active (RSA) qui remplace le RMI, l’Allocation Parents isolés (API) et les primes forfaitaires de retour à l’emploi, veut obliger les bénéficiaires d’accepter un petit boulot sous-payé, en généralisant le temps partiel et les conditions de travail dégradées. Le RSA fait passer de petits contrats (dix heures par mois) pour de véritables emplois. Au-delà de deux refus d’offre d’emploi, le RSA est supprimé et l’allocataire se retrouve sans revenu. Nous pensons, contrairement à toutes les campagnes de culpabilisation, que les chômeurs ne sont pas responsables du chômage, ils n’ont donc pas à en faire les frais. Il y a urgence à augmenter tous les revenus et minima sociaux de 300 € net. 1500 € net, c’est le minimum pour vivre correctement dans les conditions actuelles d’organisation de la société, ce minimum doit être garanti à toutes et tous, jeune ou à la retraite, actif ou privé d’emploi, handicapé ou non. Pour les salariés, le salaire minimum, c’est le salaire d’embauche, sans qualification, sans ancienneté, pas un plancher auquel on reste cloué toute sa vie professionnelle!

Les jeunes figurent parmi les premières victimes de la crise. Depuis un an, le chômage des 18-25 ans a augmenté de 32%, pour atteindre 23,5%. C’est presque trois fois plus que les chiffres touchant les 25-49 ans. Plus de 400 000 jeunes sans emploi de moins de 25 ans se retrouvent sans minimum social. Face à cette situation désastreuse, nous revendiquonsune Allocation d’autonomie pour tous les jeunes de 16 à 25 ans à hauteur du Smic pour permettre à tous et toutes de vivre et se former librement.

Des emplois pour développer les services publics

Alors que les entreprises privées profitent de la crise pour licencier massivement, le gouvernement poursuit sa politique de démantèlement des services publics et de réduction drastique des emplois. Obéissant à une logique de rentabilisation des services publics, l’Etat est devenu le premier employeur de précaires et le premier licencieur du pays. Dans le cadre de la RGPP (Révision générale des politiques publiques), les services publics sont restructurés selon des principes de management venus du secteur privé. Le gouvernement prévoit ainsi, avec la loi sur la «mobilité», la possibilité de licencier les fonctionnaires si ces derniers refusent de s’adapter aux restructurations administratives de leur service. L’Etat se dote ainsi d’un outil légal pour procéder à une vague de licenciements et à une précarisation de l’emploi public. Cette loi permet également d’élargir le recrutement de non-titulaires et d'intérimaires, déjà très utilisés dans la fonction publique, avec les nombreux contrats de courtes durées, sous-payés et permettant de disposer d’une réserve de travailleurs précaires, corvéables et dociles.

Dans le contexte de crise actuelle du capitalisme, le gouvernement poursuit ainsi sa politique de libéralisation des services publics, au détriment de l’intérêt général et des travailleurs. Nous réclamons l’arrêt des suppressions de postes et des licenciements, ainsi qu'une titularisation de tous les précaires du secteur public. Il ne s’agit pas seulement pour le NPA de rattraper les milliers de postes supprimés ces dernières années, mais de créer de nouveaux emplois dans le cadre d’un service public qui répond aux besoins sociaux de tous et de toutes, et aux besoins écologiques, par exemple dans des services publics de l’énergie ou des transports collectifs.

Un affrontement social et politique

Nos propositions correspondent aux intérêts des salariés, de l’immense majorité de la population.

Imposer le droit à l’emploi garanti pour toutes et tous, c’est retirer aux patrons le droit de licencier, et donc remettre en cause leur pouvoir de gérer impunément toute l’économie et les conditions de vie de la population. C’est bien à ce pouvoir que se heurtent tous ceux et toutes celles qui se sont battus ces derniers mois contre les licenciements et les fermetures d’entreprises. Défendre l’emploi impose de se heurter de front au patronat qui défend des intérêts inverses à ceux des salariés, avec pour enjeu la répartition des richesses. Pour imposer de réelles avancées sociales et bloquer les attaques patronales, nous avons besoin d’un mouvement d’ensemble national, d’une grève générale, et pas sur une seule journée. Là encore, cela n’a rien de chimérique. Les Guadeloupéens nous ont montré la voie à suivre, il y a quelques mois. Ils ont obtenu, par six semaines de mobilisation, bien plus que les journées d’actions menées en France de janvier à juin. De même, les Conti ont obtenu 50 000 euros de primes qui n’étaient pas prévus dans les plans patronaux. C’est donc bien de la détermination et de l’unité dont nous avons besoin.