En mars 2023, les femmes jouent un rôle de première importance dans plusieurs pays du monde. Ce n’est ni nouveau ni exceptionnel, mais il faut toujours le souligner pour montrer à quel point les luttes des femmes font partie intégrante de la lutte pour changer, pour révolutionner la société. Sans l’action des femmes la société s’arrête.
Dans la guerre qui dure depuis un an, provoquée par l’invasion atroce de l’Ukraine par les troupes russes sous les ordres de Poutine, les Ukrainiennes participent à la résistance sous toutes ses formes.
En Ukraine, en Russie
Les femmes servent et combattent dans presque toutes les formations militaires d’Ukraine, dans les forces armées et la garde nationale. Avant l’invasion, l’armée ukrainienne était déjà féminisée à 13 % et l’est aujourd’hui à 25 %.
Dans la multitude de réseaux qui organisent la vie quotidienne dans le pays occupé et en guerre, les femmes jouent évidemment un rôle de premier plan : soutien aux forces armées, aide humanitaire et médicale, éducation des enfants, etc. La résistance à l’invasion ne pourrait pas continuer sans les femmes.
En même temps, les féministes russes — tout comme les femmes des comités des mères et familles des soldats —, constituent une des forces visibles dans l’opposition à la guerre en Russie même, et cela malgré la répression féroce.
En Iran, en Turquie
Les femmes iraniennes et kurdes, qui se sont soulevées en protestation contre la mort de Jina Mahsa Amini à la suite de son arrestation par la police des mœurs, ont été l’étincelle qui a fait exploser un mouvement de protestation et de revendications dans tout le pays. Pas seulement sur le droit des femmes de s’habiller et de vivre leurs vies comme elles l’entendent, mais pour la démocratie à tous les niveaux et dans toute la société, c’est-à-dire une véritable révolution. Ce mouvement continue malgré un niveau très élevé de répression avec arrestations, emprisonnements et exécutions.
En Turquie les réseaux féministes étaient parmi ceux qui se sont immédiatement organisés pour aider les victimes des terribles tremblements de terre pendant que le gouvernement corrompu d’Erdogan, responsable de l’étendue du désastre, traînait à réagir.
En Europe
Dans plusieurs pays européens – la France, la Grande-Bretagne, le Portugal, l’Espagne, le Danemark – d’importants mouvements de protestation ouvrière sont en cours ou se dessinent, sur les questions de salaire, de retraite, de conditions de travail. Dans tous ces mouvements, les femmes sont encore une fois une force essentielle : par la mobilisation des secteurs féminisés (l’enseignement, la santé) et par les actions féministes qui soulignent comment les injustices économiques et sociales pèsent toujours plus lourdement sur les femmes.
Le droit de choisir, le droit à l’éducation : vers un mouvement unitaire et international
En même temps que les femmes se battent en première ligne dans toutes ces circonstances, elles continuent à subir l’oppression patriarcale millénaire : rôle non reconnu ou relativisé, invisibilisation de leurs revendications, mais également utilisation des violences sexuelles comme méthode de répression notamment par l’armée russe en Ukraine ou la police iranienne… Nous pensons particulièrement aux femmes et filles d’Afghanistan qui sont de plus en plus exclues de toute la vie sociale et surtout l’éducation.
La grande bataille pour le droit des femmes de choisir de faire des enfants quand elles veulent a connu l’année dernière des avancées importantes, comme au Mexique, mais également des défaites, comme aux États-Unis. Heureusement cette dernière a provoqué une certaine réaction électorale et des lois au niveau des États.
Les femmes continueront à se battre comme elles l’ont toujours fait. Les mouvements féministes et de femmes constitueront toujours un élément central de tout mouvement qui se bat pour de véritables changements dans la société, parce que les femmes ont tout intérêt à changer la société de classes capitaliste et patriarcale. Nous contribuons au niveau national, mais aussi en tissant les liens avec les mouvements des autres pays, à la construction d’un mouvement fort, unitaire et international qui porte les revendications des femmes jusqu’au bout.