Les guerres que mènent les grandes puissances n’ont pas pour but, comme on nous l’affirme, de lutter contre le terrorisme et encore moins de soulager les peuples de la misère ou les débarrasser des dictatures qui les oppriment.
Ce sont des guerres menées pour continuer à piller les ressources naturelles de ces pays, en perpétuant le rapport colonialiste imposé, notamment par la France, aux peuples d’Afrique et du Moyen-Orient. Il s’agit en outre, pour les principales puissances impérialistes, de défendre ou d’étendre leurs « zones d’influence »… et leurs intérêts économiques.
Guerres, misère et complicités européennes
Loin d’empêcher le développement du terrorisme, les guerres menées au cours des deux dernières décennies l’ont engendré en poussant des jeunes, que la misère créée par l’exploitation des richesses de leurs pays et les bombardements laissent sans espoir, dans les bras des chefs de guerre ou de sectes religieuses.
Le chaos libyen n’était pas une fatalité. Alors que le peuple se soulevait en 2011 pour renverser la dictature de Kadhafi, l’intervention militaire de la France et ses alliés a favorisé tous les groupes confessionnels/claniques qui s’y affrontent aujourd’hui, contribuant à déposséder le peuple libyen de sa rébellion.
En Syrie, les grandes puissances ont laissé Assad massacrer son peuple pour enrayer la révolte qui y naissait dans la foulée des soulèvements de Tunisie et d’Égypte. La destruction d’Alep, le massacre de la population par les armées d’Assad et de la Russie se sont ainsi faits dans le silence de « démocraties » américaine et européennes soucieuses de ménager l’appareil répressif syrien et les bonnes relations futures.
L’Arabie saoudite qui bombarde le Yémen est, avec Israël, le principal relais des pays occidentaux dans la région. Cette amie des USA, de l’UE et de la France est aussi la dictature la plus réactionnaire du Moyen-Orient, berceau et grand argentier de tous les courants de l’intégrisme islamique.
Le président turc, Erdogan, a quant à lui profité de son alliance avec les puissances occidentales, prétendument contre Daech, pour reprendre sa guerre contre la population kurde de Turquie et le PKK, pour réprimer tous les mouvements de gauche, les journalistes, les militants ouvriers, etc. La France lui a assuré un soutien régulier en réprimant les mouvements et militants kurdes, dont plusieurs ont été assassinées en France en toute impunité.
En finir avec le militarisme
Et malgré tout, force est de constater que, du côté des forces politiques institutionnelles en France, c’est l’unanimisme qui l’emporte. Défense des « intérêts français », des groupes industriels, des emplois générés par l’industrie de l’armement : tous les arguments sont bons pour ne pas pointer les responsabilités, directes ou indirectes, de la France dans les conflits militaires.
Quitte à verser parfois dans les postures les plus contradictoires, à l’instar de celle de Jean-Luc Mélenchon et de la FI qui, tout en dénonçant les exportations d’armes en Arabie saoudite, n’ont de cesse de saluer la bonne santé du complexe militaro-industriel français. Le 25 octobre 2018, Jean-Luc Mélenchon se rendait ainsi, au Bourget, au salon Euronaval, « rendez-vous mondial des technologies navales du futur », avec ce commentaire sur Twitter, photos à l’appui : « Visite des stands Thalès, MBDA, Naval Group, Ministère des Armées et Navire des métiers. La France doit se donner les moyens d’assurer sa souveraineté sur son territoire maritime, le 2e plus vaste du monde. » Misère du « patriotisme »…
À l’opposé de toute apologie des industries d’armement françaises, de toute logique « bloc contre bloc » et de tout chauvinisme, il est urgent d’assumer des mots d’ordre défendant une perspective de désarmement et de démilitarisation. Cela commence par l’arrêt des exportations des engins de mort français et, au-delà, le démantèlement du complexe militaro-industriel, avec une reconversion industrielle qui pourrait notamment s’orienter vers le domaine de la transition énergétique (trains, métros, tramways, énergies renouvelables…).
Soit une politique de désarmement unilatéral et général, qui implique également la destruction de la force de dissuasion nucléaire française et, sur le plan politique, le refus de toute « armée européenne », la sortie de l’Otan, la fin de la Françafrique et, plus généralement, l’arrêt de toutes les interventions militaires françaises à l’étranger.