« Obsolète » en janvier, l’Otan (Organisation du traité de l’Atlantique Nord) était redevenue en avril « un rempart pour la paix internationale »...
Puis, en mai, Trump laisse à nouveau courir le bruit que les USA pourraient quitter l’Otan, alors qu’il est attendu ce 25 mai à Bruxelles pour son sommet. Ces volte-face, si elles sont l’expression de l’étrange façon dont Trump gère les questions, sont aussi la manifestation des hésitations stratégiques du Pentagone. Il est clair qu’il n’est pas question pour les USA de quitter l’Otan au moment où cette dernière discute d’envoyer dans ce cadre entre 3 000 et 5 000 soldats supplémentaires en Afghanistan. Il l’est d’autant moins que les USA ont obtenu de leurs alliés qu’ils augmentent leur participation financière.
Les États-Unis, qui supportent environ 70 % des dépenses militaires de l’Otan, ont demandé aux autres pays membres de respecter leur engagement d’augmenter leur budget militaire à hauteur de 2 % du PIB. Jusqu’à présent, depuis la guerre froide qui a amené la formation en 1949 de l’Otan (aujourd’hui 28 pays), les États-Unis prennent en charge le plus gros des moyens de défense du monde occidental. La moyenne des pays européens membres de l’Otan plafonnait à 1,47 % du PIB. Tous, en particulier la France, s’engage aujourd’hui à y consacrer les 2 % demandés.
« Le nouvel environnement sécuritaire »
Cette question ne sera pas l’essentiel des discussion des chefs d’État et de gouvernement de l’Otan lors du sommet de Bruxelles, premier sommet depuis l’élection de Trump. Ils discuteront de « l’adaptation de l’Otan au nouvel environnement sécuritaire, y compris le rôle joué par l’Otan dans la lute contre le terrorisme, et de l’importance d’une augmentation des dépenses de défense et d’un meilleur partage du fardeau ».
Depuis la fin de la guerre froide, ce bras armé, instrument de la défense des intérêts des grandes puissances occidentales, évolue face à de nouveaux rivaux, voire ennemis. L’Otan, après s’être étendue à l’Europe orientale (jusqu’à l’intérieur de l’ex-URSS) et à l’Asie centrale, pointe maintenant sur d’autres régions – au Moyen-Orient, en Afrique – après avoir démoli la Libye en 2011 par la guerre, dans les eaux de l’océan Indien et du Golfe d’Aden, en Amérique latine, dans le Pacifique. Après l’effondrement de l’URSS, elle s’est trouvé et fabriqué un nouvel ennemi planétaire, le terrorisme, qui lui sert à justifier son redéploiement militariste.
Trump, à sa façon brouillonne, traduit les tâtonnements des USA pour redéfinir leur stratégie. Au cœur de ces tâtonnements, la question des relations avec la Russie, les rivalités impérialistes, ont pris le relais de la guerre froide. Comment inclure la Russie dans la stratégie de l’Otan ? Et y compris la Chine, principal concurrente, rivale, néanmoins indispensable à la recherche d’une improbable stabilité mondiale ? L’affaire de la Corée du Nord en est l’illustration.
La gestion de la guerre en Syrie et de la crise permanente au Moyen-Orient sont le point central autour duquel se renégocie les relations internationales et la place de l’Otan.