Publié le Mercredi 22 février 2023 à 18h34.

Troupes russes hors d’Ukraine ! Solidarité avec la résistance ukrainienne !

Poutine s’obstine un an après les premières offensives de son armée en Ukraine. Il envoie à la boucherie des dizaines de milliers de soldats de la Fédération de Russie, souvent des régions pauvres, il prépare ses prochaines offensives, bref il n’est pas question pour lui d’arrêter cette invasion contraire à tout droit international.

Une guerre juste de libération nationale

Parmi les mouvements de gauche dans le monde, trop nombreux encore sont ceux qui, tout en réprouvant la politique quotidienne de Poutine, tentent d’excuser ou au moins d’expliquer cette guerre par des « provocations » de l’Otan, des États-Unis ou des UkrainienEs eux-mêmes. Cela correspond peut-être à un réflexe face aux turpitudes avérées et de longue durée de l’impérialisme dominant et des puissances occidentales alliées, de leur responsabilité historique dans la montée de la concurrence marchande généralisée qui pousse aux guerres. Pourtant, dans ce cas précis, voir dans cette guerre d’abord l’expression d’un conflit inter-impérialiste est une erreur lourde de conséquences, dans laquelle ne doivent pas tomber celles et ceux qui poursuivent une logique émancipatrice pour l’humanité, de solidarité avec les peuples en lutte pour leurs droits fondamentaux. Et s’opposer au réarmement global dans le monde ne peut signifier s’opposer à la fourniture des armes et munitions qui permettent aux UkrainienEs de repousser les assauts de l’armée de Poutine et de défendre leurs villes ! Car les UkrainienEs se sont engagés dans une guerre juste de libération nationale, pour laquelle ils ont le soutien des oppositions démocratiques aux régimes dictatoriaux de la région.

Comme l’affirment clairement nos camarades socialistes russes 1, Poutine est entré en guerre dans une logique d’autocrate impérialiste et d’ancien agent des services de sécurité, qui veut reconstruire l’ancien empire colonial de la Russie, « prison des peuples », en écrasant tous les droits démocratiques qui peuvent menacer son régime d’oligarques. Il a publiquement annoncé et répété qu’il veut mettre fin à l’Ukraine comme état indépendant. Les raisons immédiates de son intervention sont d’abord à trouver dans l’analyse qu’il a faite des soulèvements récents en Biélorussie et au Kazakhstan voisins, laissant entendre qu’il pourrait être menacé de la même manière avec les problèmes économiques et sociaux remontant en Russie. Il a par ailleurs supposé que la piteuse retraite étatsunienne en Afghanistan, les convulsions de la fin du mandat du président Trump, et ses propres succès au Moyen-Orient, lui permettaient de tenter le pari à ce moment d’une marche triomphale pour envahir l’Ukraine et abattre Zelensky et son gouvernement, puis vassaliser voire annexer toute l’Ukraine, sans réactions trop gênantes dans le monde. Il s’est lourdement trompé : l’ensemble de la société ukrainienne se lève pour sa libération anticoloniale, et la résistance armée et non armée ukrainienne mérite le soutien de la gauche et des anticapitalistes du monde, indépendamment de l’aide que réclament les UkrainienEs aux gouvernements occidentaux — ce sont eux qui ont les armes nécessaires pour éviter la victoire de Poutine.

Solidarité par en bas, indépendante de tout gouvernement

Le Réseau européen de solidarité avec l’Ukraine (RESU/ENSU), que nous avons contribué à construire depuis mars 2022, est particulièrement investi sur ce terrain de la solidarité par en bas, indépendante de tout gouvernement, avec les organisations citoyennes, syndicales, féministes ukrainiennes 2. Échanges d’informations et d’argumentations, organisation d’équipes de travail et de campagnes thématiques, initiatives de réunions publiques, rassemblements et manifestations avec d’autres réseaux, avec les associations ukrainiennes… Nous nous sommes associés à l’envoi de délégations en Ukraine ou auprès de réfugiéEs en Pologne, de convois de solidarité qui apportent de l’aide matérielle et établissent des liens concrets avec les organisations syndicales ou féministes pour les aider à lutter contre l’invasion russe et les effets directs de la guerre, mais aussi pour l’annulation de la dette extérieure de l’Ukraine et contre les conditionnalités néolibérales aux aides, contre l’application de nouvelles lois et mesures du gouvernement Zelensky qui remettent en cause les droits des travailleurEs, ceux des femmes, ou les droits des jeunes à étudier même en situation de guerre (voir le site www.ukraine-solidarity.eu).

Et nous avons lié des liens très forts avec nos camarades de l’organisation anticapitaliste Sotsialnyi Rukh, pour laquelle nous avons organisé une campagne de solidarité financière à même de lui permettre d’exister légalement et d’apporter de l’aide concrète autour d’elle. Pour consolider la crédibilité anticapitaliste et les liens entre forces de transformation sociale à l’est, à l’ouest de l’Europe et dans le reste du monde, c’est un enjeu majeur que de déployer plus largement l’ensemble de ces axes de solidarité dans la prochaine période !

  • 1. Nous disons : Guerre à la guerre ! Déclaration du Mouvement socialiste de Russie (branche émigration) | Quatrième Internationale (Fourth International)
  • 2. Appel du réseau européen solidarité avec l’Ukraine et contre la guerre | L’Anticapitaliste (lanticapitaliste.org)