Entretien avec Alexandre Raguet, candidat.
Peux-tu nous présenter rapidement la candidature ?
Nous sommes deux militantEs du NPA, Alexandre Raguet et Hélène Topouria. Dans la 3e circonscription de Charente, la gauche c’est nous, puisque ça ne peut être la NUPES, représentée par une candidate issue du PS, ni par le député sortant très lié au PS (Jérôme Lambert), connu pour ses votes réacs...
L’idée de se présenter est venue de discussions entre militantEs et sympathisantEs du NPA, de LFI, des luttes anti-bassines… On s’était engueulés sur les votes de la présidentielle mais là on était toutes et tous d’accord pour dire que faire la campagne du PS ce n’est pas possible…
Comment se déroule la campagne ?
La campagne se déroule bien, nous avons beaucoup de retours positifs. On passe dans de nombreux villages (notre circonscription est immense) pour coller les affiches et distribuer nos tracts. D’un autre côté, on essaye de rencontrer des collectifs et des associations, qui luttent sur des problématiques locales qu’on soutient, on a par exemple rencontré l’association de défense de l’hôpital de Ruffec, le collectif « Bassines, Non merci » de l’Aume-Couture, la CGT, les salariéEs de la base d’Anais, etc.
Quels sont les enjeux locaux de cette campagne ?
La lutte autour de l’hôpital de Ruffec. Le collectif qui défend l’hôpital existe depuis 1994, ses membres ont lutté contre la fermeture de la maternité, puis celle du service chirurgical, et aujourd’hui contre la fermeture des lits. Ils ont des revendications essentielles comme l’augmentation des salaires, la formation et la qualité de la formation, et bien sûr, l’embauche. Le manque d’effectifs et l’absurdité bureaucratique pèsent lourdement sur les soignantEs, qui se retrouvent avec des charges de travail colossales, à qui l’on délègue toutes sortes de tâches annexes qui sont complètement éloignées de leur corps de métier, tout en étant sous-payés.
Et il y a aussi la lutte contre les méga-bassines. Il existe déjà 14 bassines sur notre territoire du Nord-Charente et neuf autres sont en projet alors que nappes et rivières sont mal en point… Sur ce terrain-là encore, il n’y a rien à attendre de la droite et de la gauche « socialiste » qui défendent l’agrobusiness. En finir avec les bassines, c’est en finir aussi avec le capitalisme… avec la guerre de l’eau, mondiale, qui fait des ravages partout, de l’Euphrate à l’Égypte, en passant par la Charente et les Deux-Sèvres. Nous n’en sommes pas ici encore à la guerre et aux morts, mais nous vivons une sécheresse historique et désastreuse et faisons partie de « l’équation ». Lutter contre les bassines, pour l’eau comme bien commun et pour le respect de la planète, du vivant, et des paysanEs, c’est aussi lutter pour l’accueil des migrantEs qui souvent fuient les guerres liées à l’eau, ou le manque d’eau lui-même.
Avec quelles forces et collectifs travaillez-vous ?
Depuis les élections régionales de l’an dernier, nous avons tissé des liens avec des militantEs de LFI. Ces liens persistent et quelques militantEs font campagne avec nous. D’autres nous soutiennent et disent qu’ils et elles voteront pour nous. Toutefois, la campagne est essentiellement menée par des militantEs du NPA et des sympathisantEs. Dans cette circonscription très rurale, où la plus grande ville compte moins de 4 000 habitantEs, nous rassemblons une quinzaine de personnes. C’est le fruit des régionales et de la présidentielle où nous avons parcouru le terrain en large et en travers.
Quelque chose à ajouter ?
Sans partir dans des estimations chiffrées, nous avons des ambitions avec cette élection qui dépassent la candidature de « témoignage ». Nous espérons peser, y compris électoralement, pour être un pôle attractif dans la nécessaire recomposition de la gauche radicale, qui ne peut aucunement se faire avec le PS. On le dit à celles et ceux qui ont voté Mélenchon en se disant « un autre monde est possible » : là, pour qu’un autre monde soit possible, mieux vaut voter pour nous puis préparer dès maintenant un cadre collectif pour les luttes à venir.