Publié le Mercredi 4 juin 2025 à 09h43.

La défense des libertés démocratiques comme moyen de lutter contre l’État bourgeois

Dans les mobilisations et les luttes, nous critiquons la justice de classe et le droit qu’elle applique qui ne gère essentiellement que les illégalismes qui répriment les classes populaires. La criminalité de la classe bourgeoise reste majoritairement impunie et lorsqu’elle l’est, le système pénal condamne à des peines qui sont proportionnellement moindres, comme le sursis.

Nous ne pouvons cependant nous désintéresser de revendications qui concernent l’institution judiciaire.

Justice pour les crimes policiers

Parmi les aspirations à la justice sociale, les revendications qui concernent l’institution judiciaire sont importantes dans notre camp social : notamment la fin de l’impunité policière et les procès pour les victimes de violences policières. Nous exigeons la justice pour les crimes policiers parce que nous savons que c’est une étape essentielle du rapport de forces contre la domination policière. C’est en ce sens que lors des révoltes à la suite de la mort de Nahel, nous avons formulé des revendications d’amnistie pour les condamnéEs.

Également, nous rejetons la légitimité du droit international en tant que moyens de l’impérialisme mais nous avons utilisé tactiquement l’élan de mobilisation populaire qui a suivi la décision de janvier 2024 de la Cour internationale de Justice contre Israël concernant le génocide en Palestine.

Dans ce contexte, on peut se réjouir de la condamnation de Marine Le Pen parce qu’elle est accablante pour un parti qui se prétend d’une probité inégalée et en appelle à la fin du « laxisme » judiciaire.

Se satisfaire que la justice n’a pas une fois de plus participé à l’impunité de la classe politique n’équivaut pas à une croyance dans la possibilité que l’institution judiciaire soit un contre-pouvoir. Nous n’affirmons pas qu’une telle condamnation serait un rempart contre l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite. De même, si nous nous réjouissons des condamnations de policiers, nous savons que le maintien de l’ordre social est construit autour de l’impunité policière.

D’ailleurs en ce qui concerne Marine Le Pen, l’institution judiciaire s’est précipitée pour bouleverser le calendrier judiciaire afin que son procès en appel puisse se tenir avant les prochaines élections…

Ne pas laisser la défense de nos intérêts à l’État

La démocratie bourgeoise revendique que le pouvoir politique et exécutif soit soumis au pouvoir judiciaire : lorsque c’est le cas, nous devons pouvoir le reconnaître et l’utiliser à des fins d’agitation politique. Cela est d’autant plus crucial lorsque la droite et l’extrême droite revendiquent toujours plus ouvertement leurs attaques contre « l’État de droit » et l’institution judiciaire. Nous le savons, la classe bourgeoise peut se passer de la justice si celle-ci devient un frein à la défense de ses intérêts.

Au contraire, nous disons que les décisions judiciaires sont conjoncturelles et ne changent rien à la dynamique politique de fond de la montée du fascisme, elles ne peuvent qu’être des moments de répit pour construire des mobilisations.

Les militantEs révolutionnaires doivent utiliser la justice comme point d’appui pour montrer la nature réelle de l’État, sans négliger que c’est aussi un terrain de la lutte des classes. Nous ne pouvons laisser la défense de nos droits démocratiques à l’institution judiciaire ou au pouvoir législatif puisqu’en dernier ressort, la nature profonde de l’État est d’exercer le pouvoir par la violence pour maintenir les intérêts de classe.